L'élargissement des assises culturelles, la crise des valeurs morales, la
dégradation de la moralité sociale provoquent de plus en plus des réactions de caractère individuel. La faiblesse de l'enseignement classique, de la formation religieuse s'avère une faille dans
l'élaboration de la personnalité. Les hommes et les femmes de notre temps sont à l'affût des solutions qui leur permettraient de restructurer leur vie spirituelle en leur laissant le sentiment de
leur libre détermination. Beaucoup se tournent vers les pratiques d'édification en usage en Orient. Mais, en raison de son évolution, l'institution maçonnique offre aux individus de bonne volonté
une méthode éprouvée de libération et une possibilité de structuration spirituelle susceptibles de répondre à leur attente. Et ce propos maçonnique a pour but de présenter au grand public éclairé
les données fondamentales de l'entreprise de ressourcement philosophique et moral que la franc-maçonnerie apporte à notre civilisation et à notre temps.
La Pensée maçonnique - une sagesse pour l'occident - Extraits :
Ce qui manque, c'est un lieu de rencontre entre les êtres les plus divers. Un lieu et un langage. Un langage et un rituel. Ce qui manque, c'est une structure d'accueil où les rencontres
s'établissent non au niveau de l'identité religieuse ou ethnique, ou nationale, mais au niveau de la simple humanité.
Cette structure d'accueil doit être assez vaste pour permettre a ceux qui viennent des horizons les plus divers d'y trouver place. Elle doit être assez restreinte pour que la relation s'y
établisse dans un climat de confiance et d'estime réciproque. C'est évidemment la structure de la Loge qui pourrait permettre si elle était étendue à l'échelle de la planète, l'échange profond,
la communication essentielle, en même temps qu'elle préserverait l'identité de chacun, et qu'elle veillerait au respect de la différence profane.
Sans préalable, sans autre finalité que la connaissance réciproque et la communication désintéressée, la relation entre les hommes pourrait être établie par-dessus les frontières, par-delà les
croyances, en dépit des différences de race et d'éducation. Mais il importe de situer cette communication et ces relations. Un homme n'est jamais pleinement lui-même s'il n'est d'abord nourri
dans un foyer et dans un milieu culturel solides et cohérents. La communication entre les hommes n'implique ou ne devrait impliquer ni le déracinement, ni la perte de l'identité. Il convient donc
de ménager les approches
... Par ailleurs les conditions de ces approches sont depuis longtemps connues. Pas de préalable doctrinal ou systématique. Un petit nombre de participants choisis soigneusement parmi les
personnes les plus ouvertes et les plus représentatives. Une rencontre ordonnée et de caractère exploratoire. Et par-dessus tout, le secret.
De réunion en réunion, la communication s'étend, le rapprochement s'opère, une sorte de tâche d'huile se forme qui couvre bientôt toute la surface dont on veut constituer le tissu subtil et
innerver la chair et les os. Qu'attendent les représentants les plus qualifiés des obédiences pour lancer discrètement des invitations, voire pour faire des démarches en vue de provoquer les
réunions souhaitables ? Sans exclusive.
La voie que la franc-maçonnerie
choisira demain, sans doute l'ignorons-nous. Mais si elle peut conduire a faire du franc-maçon un homme bon, courageux, secourable et un frère pour ses semblables, comme un ami pour lui-même,
elle n'aura pas trahi nos espérances. Dès aujourd'hui le devoir commande.
Et si nous trouvons sur notre route des hommes qui n'ont ni nos croyances, ni la couleur de notre peau, ni notre méthode pour combattre l'injustice, ni nos façons d'aimer la lumière du jour,
sachons pourtant les reconnaître comme des frères.
Jean Mourgues,
La Pensée maçonnique - une sagesse pour l'occident
Presses Universitaires de France - Novembre 1989
Maj 12 12 09 *