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27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 07:50

1 - La Guerre, pourquoi ?...

La guerre apparaît comme un fait dominant dans l'histoire des hommes. Elle est la violence par excellence : la mort des hommes, les atrocités, les destructions matérielles suscitent l'horreur, la commisération. Les bonnes âmes la dénoncent, la condamnent et mettent la guerre "hors la loi". Elles cherchent des solutions : la Paix pour arrêter la guerre, des Plans de Paix, des Traités de Paix, des Organisations des Nations Unies ou autres S.D.N. pour "empêcher" la guerre. En vain.

Tant de bonnes volontés et d'intentions bienveillantes pour rien. Reste un mystère. Des guerres éclatent, durent, puis s'arrêtent, ici ou là, ou là-bas, dans le monde. Pourquoi ? Comment ? Car, plutôt que de gloser sur la guerre, ses formes ou ses moyens, il s'agit bien de chercher le pourquoi, au-delà des apparences, des buts avoués, des poudres jetées aux yeux et de se demander si la guerre ne serait pas utilisée comme un moyen de gouvernement.

Sept explications classiques pour comprendre les guerres.

On peut retenir, sept explications généralement avancées pour comprendre les guerres. On nous dit que les guerres auraient des motivations économiques, qu'elles résulteraient de conflits d'intérêts soucieux de contrôler des marchés, des sources de profits, d'accaparer des ressources en matières premières vitales, ou des terres fertiles. On pense aux plaines de la Mésopotamie antique, aux rives de l'Egypte, aux terres de la Palestine, aux petites plaines de la montagneuse Grèce des cités ... Des guerres pour avoir à manger. On pense aux mines de cuivre, d'étain, d'argent ou d'or, que les phéniciens ou la Rome antique s'acharnent à contrôler dans tant de guerres. Notre monde n'est pas en reste sur nos anciens, le fer, le nickel, le cuivre, le pétrole, suite sans fin, justifient quantités de conflits armés. Evidences ? …

On nous dit que les guerres auraient des motivations politiques, telles que la volonté de puissance des uns ou des autres, en citant l'empire d'Alexandre, l'empire romain, l'empire napoléonien, l'empire hitlérien. Un homme, un groupe d'hommes, entraîneraient leur peuple dans l'aventure de la puissance pour la gloire et le pouvoir. Evidences ? …

On prétend qu'il y aurait des guerres à motivations passionnelles où s'affronteraient des nationalismes, des patriotismes exacerbés. Les allemands ont cultivé le pangermanisme, les slaves le panslavisme, les arabes le panarabisme. Au nom desquelles passions, les peuples s'affronteraient sans merci ? …

On avance aussi des guerres à motivations religieuses où s'affrontent des croyants qui veulent imposer et répandre la vraie religion avec son dieu, ses livres, ses dogmes et ses prêtres. Les chrétiens catholiques ou protestants y ont sacrifié beaucoup de sang, de foi et d'intolérance soigneusement cultivées. Les musulmans ont su y tenir leur part …

On prétend aussi à des guerres stratégiques déclenchées par souci de se défendre, par avance, face à la montée en puissance du voisin qui menace d'agression. L'Allemagne, en 1914, a prétendu jouer cette corde, la France n'était pas en reste : il était urgent de faire la guerre, car demain il aurait été trop tard, face aux programmes de réarmement des autres ...

On entend encore qu'il y aurait des guerres psychologiques ou ontologiques qui trouveraient leurs causes dans l'agressivité caractérielle des hommes. Les hommes auraient besoin de dépenser leur énergie instinctive d'agression pour se réaliser, ou simplement pour se calmer. On pourrait, dans ce cas, trouver des remèdes à la guerre par des palliatifs qui consommeraient cette énergie, par exemple le judo et autres arts martiaux, ou encore les sports de compétition, ou le football ? …

N'y aurait-il pas enfin des guerres à motivations surnaturelles, guerres fatalité, punition administrée par des divinités à la santé fragile, ou bien mécontentes des hommes ? Grecs et romains et bien d'autres auraient eu ces crédulités. Sans compter les Aztèques, qui faisaient la guerre pour régénérer le Soleil, ou les catholiques qui envoient leurs paroissiens à la guerre pour s'immoler à Dieu et réparer ainsi "le blasphème" …

Autant d'explications - mais il en est bien d'autres - qui paraissent relever d'évidence tant elles sont cultivées, assenées, par ceux qui ont le contrôle des moyens de formation de l'opinion dans l'histoire. Autant d'explications qui laissent insatisfait, tant elles paraissent oiseuses au regard de la gravité des conséquences. Autant de paravents, de leurres, qui incitent à chercher plus loin, des explications plus satisfaisantes et à poser finalement la question de savoir si la guerre pourrait être employée délibérément comme moyen de gouvernement ?

Les (vraies) raisons du recours à la guerre ?

La guerre n'est-elle pas utilisée comme solution à des problèmes de politique intérieure, par des états, des gouvernements - hommes politiques ou classes sociales - affrontés à des situations graves ? La guerre n'est-elle pas provoquée délibérément par des gouvernants pour résoudre des problèmes insolubles par d'autres moyens : problèmes de l'ordre du social, problèmes de pléthore de populations, problèmes de situation dominante d'une classe ou d’une caste dirigeante menacée par une révolution ?

En effet, ou en définitive, la guerre met en cause des hommes qui la déclarent, qui y combattent, qui y mettent fin. Elle n'est jamais qu'œuvre humaine. Comment la responsabilité des hommes pourrait-elle leur échapper ? Car, nous avons des preuves, on pourrait même dire des aveux, rares peut-être, mais d'autant plus probants.

La guerre est sciemment utilisée par des hommes pour régler les problèmes des sociétés qu'ils gouvernent, en dernière analyse et en désespoir de cause sans doute, lorsque toutes les autres solutions ont été tentées. Mais lorsqu'il ne reste que la guerre, on y recourt délibérément …

Ainsi, dans notre moyen âge européen, on n'hésite pas à employer la force guerrière, à mettre en œuvre la violence exemplaire, non contre un ennemi extérieur au pays, mais contre le paysan asservi qui se révolte, réclame en scandale l'égalité et la liberté et devient l'ennemi de l'intérieur avant la lettre, que les seigneurs doivent mater pour préserver l'ordre social qui leur est si profitable.

Les Croisades en sont une application exemplaire. En des temps d'explosion démographique, relativement aux moyens de production de l'époque, on expédie le trop d'hommes, les plus turbulents, les jeunes évidemment, sur le champ de bataille d'Espagne pour reconquérir - vertueuse motivation - la terre chrétienne, sur l'occupant musulman : chantier de huit siècles, qui soulage les villages d'Europe des éléments les plus énergiques, difficiles à intégrer à l'ordre féodal.

Et si le champ d'Espagne ne suffit pas à consommer ces trublions, on ouvre les grandes croisades vers la Terre Sainte, beaucoup plus loin, plus définitif, plus difficile d'en revenir. Si le projet des Croisades était clair, on aurait dû voir les militaires de métier - chevaliers, seigneurs - organiser, conduire les premiers l'expédition armée. En réalité ce sont les pauvres, les enfants, les femmes, des vieillards qui partent les premiers pour ne pas en revenir. Une purge !...

Ensuite seulement, et avec prudence, la classe dirigeante militaire, seigneuriale, religieuse, se met en route. "II est urgent d'apporter en hâte à vos frères d'Orient l'aide si souvent promise et d'une nécessité si pressante. Les Turcs et les Arabes les ont attaqués ... Si vous les laissez à présent sans résister, ils vont étendre leur vague plus largement sur beaucoup de fidèles serviteurs de Dieu. C'est pourquoi je vous prie et exhorte - le Seigneur vous prie et exhorte - les pauvres comme les riches, de vous hâter de chasser cette vile engeance des régions habitées par nos frères et d'apporter une aide opportune aux adorateurs du Christ... Si ceux qui iront là-bas perdent leur vie pendant le voyage sur terre ou sur mer ou dans la bataille contre les païens, leurs péchés seront remis en cette heure, je l'accorde par le pouvoir de Dieu qui m'a été donné." (Foucher de Chartres - Histoire de Jérusalem).

 "Les comtes et les chevaliers songeaient encore à leurs préparatifs, que déjà les pauvres faisaient les leurs, avec une ardeur que rien ne pouvait arrêter ... Chacun délaissait sa maison, sa vigne, son patrimoine, les vendait à bas prix et partait joyeux … On se hâtait de convertir en argent tout ce qui ne pouvait servir au voyage ... Les enfants, les vieilles femmes, les vieillards, se préparaient au départ. Ils savaient bien qu'ils ne combattraient pas, mais ils espéraient être martyrs ..." ( Guibert de Nogent (1053-1124). Les pauvres dans la croisade).

Et s'il reste quelques énervés qui ne comprennent pas et risquent d'ébranler cet ordre social médiéval si fragile, si tendre, on emploie encore l'épée (qui porte l'épée au moyen âge ?) et la violence armée, radicale, pour éteindre la revendication libertaire, au nom de la Sainte Foi, à l'initiative du Saint roi. "Les laïques, quand ils entendent mal parler de la foi chrétienne, ne doivent pas en prendre la défense, sinon l'épée à la main, qu'ils doivent enfoncer dans le ventre du contradicteur autant qu'elle y peut entrer." Saint-Louis (qui fit brûler le nez et les lèvres à un bourgeois de Paris qui avait blasphémé).

 

Cyrille 27 décembre 2009                    

     

 

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