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1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 07:29

3 - Temps profane et temps sacré

Ainsi, tandis que certains se réclament des discours sur le Nouvel Age, l'Age du Verseau, les utopies millénaristes et la vision cyclique de l'histoire, la Franc-Maçonnerie, elle, évolue, et ses adeptes y apportent l'esprit du temps en le confrontant aux idées d'autrefois.

Les soirées privilégiées, connues des maçons, ne peuvent se produire que dans les Loges qui, au moyen d'un rituel, pratiquent l'art d'ouvrir une porte sur un monde hors du temps et libéré de toute limite. Ce monde, à l'intérieur d'un temple "orienté", couvert de sa "voûte étoilée", devient d'autant plus réel qu'il est imaginaire. Ainsi, par le moyen du Rite, le franc-maçon peut passer de la durée temporaire ordinaire au temps sacré.

Le temps sacré est, par sa nature même, réversible dans le sens qu'il est un temps mythique primordial, rendu présent. Le franc-maçon vit ainsi dans deux sortes de temps : le temps profane et le temps sacré, qui se présentent à lui sous l'aspect paradoxal d'un temps circulaire, réversible et récupérable, une sorte d'éternel présent mythique, qu'il est possible de réintégrer par le Rite. Ce temps sacré, périodiquement réactualisé, est bien un temps mythique, primordial, non identifiable au temps historique : un temps originel, dans le sens qu'il n'est précédé d'aucun autre temps, parce qu'aucun temps ne peut exister avant l'apparition de la réalité racontée par Le Mythe.

Le Temple de Jérusalem

Un symbolisme temporel analogue est intégré dans le symbolisme cosmologique du Temple de Jérusalem. Ce Temple est une "Image du Monde", se trouvant au "Centre du Monde" et il sacralise non seulement le Cosmos tout entier, mais aussi la Vie Cosmique, c'est à dire "le Temps".

Hermann Usener a, le premier, expliqué la parenté étymologique entre "le Temple" et "le Temps". Le Temple désigne l'aspect spatial et le Temps l'aspect temporel du mouvement de l'horizon dans l'espace et dans le temps. Le Temple que chaque maçon doit construire en lui-même représente l'édifice idéal que chacun de nous est appelé à réaliser et le Temple de Jérusalem est une image de l'univers destiné à satisfaire notre raison, une conception philosophique traduisant autant qu'il est possible une approche de la vérité. Et cela quel que soit le Rite que chacun peut choisir librement.

Salomon, Hiram, Zorobabel, n'ont ni construit, ni rebâti le Temple. Ils nous ont légué son modèle, caché sous une image. Ils nous indiquent le chemin vers ta Cité idéale où il s'élèvera dans l'harmonie.

La recherche de la parole perdue

Le thème de la parole perdue à retrouver s'inscrit naturellement dans le mythe de l'éternel retour, lui-même porteur d'un sens qui demande à être interprété. La théorie des Ages l'interprète au premier degré. Mais d'autres interprétations restent à faire ...

Toutes les traditions font allusion à un bien perdu ou disparu. Paradis ou parole, quelle que soit sa symbolisation, ce bien est toujours porteur du même réseau de significations : une rupture nécessaire à l'accomplissement du cycle mort et renaissance.

La recherche de la parole perdue, à laquelle est associée la prononciation de cette parole constitue l'essence même de la démarche initiatique proposée par la franc-maçonnerie. Et cette démarche est pratiquement commune à toutes les pédagogies initiatiques, quelles que soient les traditions.

Mais dès le départ, au commencement du voyage, le franc-maçon doit savoir que la parole retrouvée ne pourra se dire. Elle sera montrée, sortie d'une boîte, sous l'égide de la rose, sous forme de lettres, qui sont les initiales du Mot et non le Mot lui-même, enfin retrouvé. Cela veut dire que la "vision suprême", révélatrice de l'ultime réalité, ne peut être dite et que la révélation s'efface.

Une vérité dite devient un mensonge

Selon l'Art, il convient d'interroger cette idée d'illumination suprême et, par un désir d'ordre spirituel, de dépasser les limites de ce qui est mesurable. Les commentaires que l'on trouve sur ces expériences font état d'un retour à l'unité, d'une dissociation, d'une fusion de l'Etre dans le Tout, vécus lors d'instants fugitifs ou lors d'extases prolongées. Cette forme de vécu du Sacré est-il illusion ou réalité au-delà ?

Résistons prudemment à la tentation de répondre à cette question, sans être dupes de notre parti pris de ne pas répondre. Car nous refusons sans doute de le faire parce que nous voulons croire qu'il y a une fin au voyage autre que le néant, sachant qu'une vérité dite devient un mensonge, parce qu'elle ne rend compte que d'une interprétation et que seuls peuvent se dire des mots substitués, qui ne sont jamais que des mots utiles "pour mémoire".


Maj 12 12 09 *

 

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1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 06:08

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FreresinvGRAND ORIENT
,
LES FRÈRES INVISIBLES DE LA RÉPUBLIQUE


Auteur : Alain Moreau - Réalisation : Patrick Cabouat - Durée : 52'
Commentaire : Pierre Bouteiller -
Production : France 5 / Program 33 - Année : 2005
Première diffusion : juin 2006 -
Rediffusion mardi 22 avril 2008 à 21:45 (câble, satellite et TNT).

Le DVD est disponible avec le numéro 1948 du POINT 14 janvier 2010.

Cliquer pour agrandir

En France, la franc-maçonnerie regroupe quelque 130 000 personnes. Un nombre volontairement limité, mais qui représente une influence et un pouvoir indéniables. Importée d'Angleterre, la franc-maçonnerie, association à caractère philanthropique, est née en France en 1773. Aujourd'hui, ses détracteurs lui reprochent de s'être affranchie des relais démocratiques, d'influer sur les débats politiques et de manquer de transparence. Ce document, qui étudie le Grand Orient de France, revient sur l'histoire de la franc-maçonnerie, analysant son poids actuel sur la scène nationale et internationale, ses rites et ses pratiques.
                              
                                      
Présentation de Camille Flocon

Avec Grand Orient, les frères invisibles de la République, Alain Moreau et Patrick Cabouat se sont attachés à retrouver, de la naissance de la franc-maçonnerie au XVIIIe siècle à aujourd'hui, les moments forts d'une histoire qui n'a jamais cessé d'intriguer.

2002. Les grandes manoeuvres présidentielles venaient d'être lancées. A l'approche de l'échéance électorale suprême de la vie politique française, de Jospin à Chirac, de Jean-Pierre Chevènement à Robert Hue en passant par Noël Mamère, les candidats ont entrepris de s'attirer les bonnes grâces des obédiences maçonniques, et principalement du Grand Orient de France. Jospin ira jusqu'à baptiser son siège de campagne "l'Atelier", incontestable oeillade au vocabulaire maçonnique.

Mais qui s'agit-il de séduire ? En France, les francs-maçons du Grand Orient de France sont environ 45 000. Bien moins que deux électeurs sur mille, un électorat négligeable. La principale obédience maçonnique serait-elle, aux yeux des candidats, un contre-pouvoir si puissant qu'il faille nécessairement composer avec elle ? Ou bien délivrerait-elle un indispensable adoubement républicain ? Qu'en est-il du pouvoir occulte qu'on prête aux francs-maçons? Quelle place singulière occupent-ils dans la société en général, et dans la République en particulier ? Que répondent-ils aux reproches d'affairisme ?

                                                    Visionner le film - version intégrale
 

                                                 1/3 - Frères Invisibles de la République



Qu'est-ce qu'être franc-maçon aujourd'hui ? Comment le devient-on ? Que cherche-t-on en loge ? Le Grand Orient ne souffre-t-il pas de ne plus être au centre de la République, lui qui s'en voulait la religion? Est-il en mesure d'aborder le nouveau siècle et de peser, comme par le passé, sur la vie de la cité et les institutions ?

A ces interrogations, Grand Orient, les frères invisibles de la République répond en interpellant simples maçons, historiens, anciens Grands Maîtres et responsables du Grand Orient de France. Rompant non sans réticence avec sa tradition de discrétion, pour ne pas dire de secret, l'obédience s'est prêtée au jeu, et a même permis qu'une caméra filme une "tenue" dans l'une des loges maçonniques les plus anciennes de France.

                                                         Voir la suite du film


Maj 24 02 2010 *

 

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1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 05:09

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FreresinvGRAND ORIENT
,
LES FRÈRES INVISIBLES DE LA RÉPUBLIQUE


                           Visionner le film version intégrale

La première partie du film est visible dans l'article précédent, car les trois vidéos ne se chargent pas correctement sur un seul article.


                        1/3 - Frères Invisibles de la république
 
                        2/3 - Frères Invisibles de la République

 
 



Si les responsables en place ont donc bien joué le jeu de la transparence, ils ne représentent pas pour autant l'opinion unanime des francs-maçons du Grand Orient de France. Il existe de sérieuses raisons de penser que le poids de l'histoire pèse encore si fortement chez beaucoup de frères qu'ils refusent tout ce qui pourrait selon eux être de nature à entamer leur "invisibilité".

                                                         Voir la suite du film
                                                       

Maj 24 02 2010 *

 

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1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 04:09

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FreresinvGRAND ORIENT
,
LES FRÈRES INVISIBLES DE LA RÉPUBLIQUE

                             


Si les responsables en place ont donc bien joué le jeu de la transparence, ils ne représentent pas pour autant l'opinion unanime des francs-maçons du Grand Orient de France. Il existe de sérieuses raisons de penser que le poids de l'histoire pèse encore si fortement chez beaucoup de frères qu'ils refusent tout ce qui pourrait selon eux être de nature à entamer leur "invisibilité".


3/3 - Frères Invisibles de la République


3/3 -Francs Maçons - Frères Invisibles de la République
envoyé par Up-Date. - L'info video en direct.

"Mais aujourd'hui, les Frères du Grand Orient, s'ils veulent égaler leurs prédécesseurs, vont devoir sérieusement tailler, retailler et polir leur pierre ... Enfin, il serait bienvenu de ne plus refuser l'initiation des femmes, au prétexte que les usages ne l'avait pas envisagée en 1723" ...


Maj 24 02 2010 *

 

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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 08:59

De 1717 à 1870 - (Chronologie 1) -  (Chronologie 2)

 

Cet article ayant été détruit par erreur, les liens sont en cours de reconditionnement. Merci de votre compréhenion.

 

Albert Lantoine disait, à propos de son Histoire de la franc-maçonnerie : "Il ne s'agit pas ici d'un travail favorable ou défavorable à la Franc-maçonnerie, mais de son existence à travers les régimes"

 

L'histoire de la franc-maçonnerie, telle qu'on la raconte, est encombrée d'un fatras romantique, imaginé par des francs-maçons, certes épris de l'Ordre, mais il faut bien le reconnaître, parfois un peu délirants. Car pour étudier cette histoire, il n'est, en effet, pas besoin de remonter à la construction du Temple de Salomon ou à la Genèse.

 

La franc-maçonnerie spéculative, autrement dit la Société de Pensée que nous connaissons aujourd'hui est née vers 1717 en Angleterre. Elle n'a qu'un rapport sentimental, traditionnel, avec la Franc-maçonnerie opérative du Moyen Age, ce que les Sociétés Compagnonniques actuelles confirment bien, en se démarquant formellement de la Franc-maçonnerie. Les maçons constructeurs d'églises et de châteaux, détenaient des secrets techniques, hérités du passé. Leurs corporations étaient respectées. Elles tenaient des réunions confidentielles, avaient des traditions et des rites qui les entouraient d'un certain mystère.

 

Puis les mœurs changèrent. On éleva moins de cathédrales. Les maçons se laissèrent aller à ouvrir leurs assises à des profanes : philosophes, curieux, grands seigneurs, esprits inquiets, voire conspirateurs - que les franchises des corporations mettaient à l'abri de la police. Peu à peu, les très anciens règlements des loges opératives, les recettes et les secrets strictement professionnels, se transformèrent en "rituels" : la Franc-maçonnerie moderne était en gestation.

 

En Angleterre

 

Il y a bientôt trois cents ans, quatre loges londoniennes, habituées à se réunir dans des tavernes - "A l'Oie et au Gril", "Au Pommier", à "La Couronne" et à "La Grappe de Raisin" - se réunissent en assemblée générale et se fédèrent. Le meeting de ces quatre loges permet d'accrocher une date précise, de poser un jalon, dans l'histoire de la Franc-maçonnerie : la création de la Grande Loge d'Angleterre, le 24 juin 1717.

 

Trente ans plus tôt, à la suite de la Révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV, le 18 octobre 1685 - ce qui a pour conséquence de faire disparaître en France les églises réformées et de contraindre les protestants à la clandestinité ou à l'exil - un enfant de huguenots français avait dû s'enfuir à bord d'un vaisseau anglais. Cet enfant, devenu le pasteur Jean Théophile Desaguliers, allait être le théoricien et le metteur au point d'une conception nouvelle de la société qui allait faire lentement son chemin, aidée par des esprits généreux, des philosophes, des mécontents : Echec au Roi.

 

Avec la collaboration du vieux maçon Anderson, Desaguliers rédige les Constitutions des Francs-maçons, contenant l'histoire, les devoirs, les règles, de cette authentique et vénérable fraternité. La Franc-maçonnerie, Société de Pensée, possède alors sa charte spirituelle et Desaguliers, esprit universel et ami de Newton, est élu Grand maître de la Grande Loge d'Angleterre.

 

Faite à l'usage des loges, la nouvelle "bible", dédiée au Grand Architecte De L'Univers, est publiée en Angleterre en 1723, puis en Irlande, en Amérique - par les soins de Franklin. Elle est ensuite traduite en allemand, puis en français en 1745. Ainsi, soudée au passé légendaire et religieux, afin de ne pas effaroucher les candidats, la franc-maçonnerie devient, en fait, une école nouvelle, scientifique, universelle et surtout indépendante des religions et de l'état. Mais les savants cuisinent, en secret, le dogme libéral, rationaliste, philanthropique et pour tout dire, républicain, ce dogme ouveau qui va faire la conquête du monde.

 

En France

 

Il est probable, qu'avec ou sans la maçonnerie, l'explosion libératrice du XVIIIème siècle aurait eu lieu, car l'idée "était dans l'air". Mais la Franc-maçonnerie anglaise a sans doute été le laboratoire antipapiste et antilatin qui allait fournir aux français et à l'Europe les explosifs nécessaires à leur émancipation. De nouvelles loges se créent, non seulement en Angleterre, mais partout dans le monde où résident des anglais.

 

La grande bourgeoisie, annonciatrice du grand capital du XIXème siècle, s'enrôle d'enthousiasme dans les loges. Les professions libérales y discutent librement d'idées quasi subversives. Bourgeois et marchands coudoient avec quelque vanité les frères de la noblesse. La Franc-maçonnerie les met de pair à compagnon avec des gens qui, dans la rue, les feraient bâtonner.

 

Les aristocrates, qui éprouvent alors le besoin de "se garer un peu", créent le grade de maître, qu'ils se réservent - discrètement - en sus des autres grades opératifs d'apprenti et de compagnon. Cela ne change rien à la fraternité de principe, mais remet toutefois chacun à sa place.

 

L'absence de textes précis ne permet pas de connaître les origines exactes de la Franc-maçonnerie qui est, à quelques années près, aussi ancienne en France que la maçonnerie anglaise. Il est pratiquement impossible, à travers les légendes et les traditions, de savoir où, quand et comment fut créée la première loge maçonnique française.

 

On sait qu'en 1736 le Conseil du Roi supprime les réunions de "Frimaçons" sur les conseils de la police et qu'en 1738, le Duc d'Antin est élu Grand Maître, ce qui rassure la police et le Roi.

 

 

Les origines de la franc-maçonnerie spéculative

Par Roger Dachez

 

 

 

 

"Hauts" Grades

 

L'idée de faire élire un Grand Maître est due à un maçon écossais, naturalisé français, le Chevalier Ramsay, qui fut pour la maçonnerie française, un réformateur analogue à Desaguliers. Ramsay écrivit un discours célèbre, bien qu'il ne fut jamais prononcé. Il recommandait la philanthropie, la morale, la pratique des sciences et des arts ainsi que la discrétion - au titre de laquelle il écartait toute idée d'admission des femmes dans la Franc-maçonnerie. On ne peut préjuger de l'opinion qu'il pourrait exprimer aujourd'hui.

 

En réaction contre la frivolité des "loges de table" où aucun travail sérieux ne pouvait être réalisé et sous l'impulsion d'aristocrates, importunés par la fréquentation confraternelle de roturiers, on décide alors de créer une Franc-maçonnerie "supérieure", un cénacle choisi. Et l'on adjoint aux trois grades symboliques de la Franc-maçonnerie opérative, un ensemble de"Hauts Grades", appelés écossais, bien que la maçonnerie écossaise ne soit absolument pour rien dans leur invention.

 

Ainsi, vers les années 1750, les Loges Ecossaises fleurissent avec des titres éblouissants : Ecossais Fidèles de la Vielle Bru de Toulouse, Mère Loge Ecossaise de Marseille, Sublime Mère Loge du Grand Globe Français, Cour des Souverains Grands Commandeurs du Temple de Carcassonne… Et les "Maîtres de Loges" s'empressent d'adhérer à cette nouvelle aristocratie.

 

Survient alors l'affaire Lacorne car le Comte de Clermont, Grand Maître de la Franc-maçonnerie, choisit comme deuxième coadjuteur ce " Maître à Danser " d'origine roturière. A la demande des aristocrates, il doit évincer Lacorne. Et la noblesse mène alors contre la bourgeoisie par un à zéro.

 

Quant à la maçonnerie, elle est mise en sommeil jusqu'à l'élection, comme Grand Maître, de Louis Philippe d'Orléans, cousin du Roi, le futur Philippe Egalité de la Révolution. On se met alors d'accord pour entreprendre un vaste travail de réorganisation qui aboutit à la création du Grand Orient De France en 1773. Ainsi disparaît, d'un consentement unanime, la Grande Loge pour faire place à un organisme national capable de coordonner les travaux de toute la Franc-maçonnerie et d'en assurer l'administration.

 

Mais la belle unité ne dure pas trois mois. Il y a aussitôt des déçus, des mécontents. Une Grande Loge dissidente se constitue à Paris, en reprenant la tradition de l'ancienne Grande Loge. Désormais, deux obédiences se livreront à une concurrence souvent aiguë, quoique fraternelle.

 

Mais le Grand Orient De France, d'inspiration strictement française, donnera à la Franc-maçonnerie l'impulsion qui lui assurera, en dépit d'inquiétantes éclipses, une place de premier plan dans l'histoire de notre pays.

 

La Révolution

 

On discutera longtemps du rôle de la Franc-maçonnerie dans la préparation et la réalisation de la Révolution française. La Franc-maçonnerie est alors une association puissante qui compte près de sept cents Ateliers. Elle est entrée dans les mœurs et fait partie intégrante de la société à tous les niveaux ou presque.

 

Elle constitue, avec la religion catholique, le seul trait d'union libre de toute entrave fiscale ou administrative, entre les provinces françaises. Les idées s'échangent, se confortent. On émet des propositions hardies. On prône la Sagesse, la Morale, la Liberté, la Fraternité, l'Egalité, l'Emancipation. La Franc-maçonnerie peut être fière, à bon droit, de son rôle important dans le drame qui se prépare.

 

Mais lorsque la tempête explose, la Franc-maçonnerie se volatilise brusquement. La Grande Loge suspend ses travaux en 1791. Le Grand Orient fait de même en 1792. "On n'avait pas voulu ça"… Les aristocrates filent directement à Coblence. Et les gros bourgeois libéraux soutiendront Thermidor qui sauvera leurs biens.

 

La bourgeoisie égalise contre la noblesse et le score est alors de un à un ...

 

L'Empire

 

Napoléon, qui domestique les institutions avec le brio particulier des dictateurs, case ses militaires athées dans la Franc-maçonnerie, ce qui a pour résultat imprévu de la rendre anticléricale. Et avec l'Empire apparaît, importé d'Amérique, le Rite Ecossais Ancien Accepté. Ainsi, aux trois grades opératifs du début des loges bleues s'ajouteront désormais et les "Hauts" Grades des Ateliers Ecossais et tous les grades du Rite Ecossais Ancien Accepté.

 

Le Rite Ecossais Rectifié

Par Roger Dachez

 

 

 

 

 

De 1848 à la Commune

 

La Révolution de 1848, inspirée par la bourgeoisie libérale, est exécutée par le peuple, suivant l'usage. La franc-maçonnerie l'acclame. Trois membres du gouvernement provisoire, revêtus de leurs insignes maçonniques, reçoivent officiellement une délégation du Grand Orient De France. Mais malgré le bulletin de vote accordé aux travailleurs, l'âge d'or est, en réalité, pour le grand capitalisme en plein épanouissement.

 

Napoléon III veut une maçonnerie obéissante. Il nomme, comme Grand Maître, le Maréchal Magnan, qui décide la fusion des deux obédiences rivales, en y incluant le Rite dit de Misraïm, avec ses quatre vingt dix neuf grades, record absolu.

 

Vient l'heure de la Commune, dont on accuse, bien sur, la Franc-maçonnerie d'être responsable. Pourtant, les loges ont un rôle de conciliation. Elles multiplient les démarches auprès de Thiers. Mais la froide férocité du petit homme effare les délégués et les maçons du camp Versaillais, impuissants devant la répression qui s'annonce. Car il y a des frères maçons des deux côtés des barricades.

 

Le Grand Orient De France modifie alors sa Constitution. La Grande Maîtrise est supprimée. Elle est remplacée par un Conseil de l'Ordre, élu par les délégués des Ateliers regroupés par régions. Le Conseil élit ensuite son Président, ses Vice-Présidents et ses Officiers. Une procédure qui est encore actuellement en vigueur et qui est une leçon de civisme républicain au moment même où l'Assemblée Nationale, à Versailles, prépare le retour à la Monarchie.

 

Echec et Mat : Vive la République Sociale …

 

Article détruit par erreur- Remis en ligne le 7 05 2010

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18 juillet 2009 6 18 /07 /juillet /2009 20:22

De 1871 à aujourd'hui - (Chronologie 3) -

La période historique -

Pendant la période historique, allant de 1871 à 1905 : lutte contre la Restauration, lois sociales, organisation de l'enseignement laïc, lois concernant la séparation des églises et de l'Etat, la lutte de l'Ordre maçonnique pour la défense de la République se transforme peu à peu en succès affermis, puis en triomphe et enfin en apothéose. Les français républicains doivent un juste hommage à la Franc-maçonnerie toute entière pour l'abnégation et le courage qu'elle a déployés pendant trente années : trente années qui comptent.

Tolérante et libérale, soucieuse de libérer l'individu, la Franc-maçonnerie ne peut que souscrire au programme républicain. Si elle se laisse aller parfois à méconnaître l'article de sa Constitution lui interdisant de descendre dans l'arène politique, c'est que ses adversaires l'obligent à répondre. Que serait devenue la Troisième République, aussi imparfaite, aussi tarée qu'elle fut, si la Franc-maçonnerie ne l'avait défendue ? On a presque scrupule à répéter ces vérités évidentes.

Le 28 décembre 1935
Xavier Vallat s'écrie à la Chambre : "Depuis plus d'un demi siècle, Messieurs, les textes sur lesquels nous sommes appelés à nous prononcer ici, ont été élaborés ailleurs. Ils ont été élaborés par les loges"… Mais l'amendement de Monsieur Dommanges, tendant à la dissolution de la Franc-maçonnerie, est repoussé par 417 voix contre 104.

Le Grand Architecte De L'Univers

C'est au Grand Orient De France que revient l'honneur d'avoir voté la suppression de la référence obligatoire au Grand Architecte de l'Univers. La Franc-maçonnerie n'admet aucune limite dans la recherche de la Vérité. Et imposer le déisme, c'est déjà mettre une limite à la recherche de cette Vérité. Le Grand Architecte disparaît alors en 1877.

"Ce qui est le bien inestimable acquis par l'homme, c'est qu'il n'y a pas de vérité sacrée et que ce qu'il y a de plus grand dans le monde, c'est la liberté souveraine de l'esprit. Cette idée que dans l'univers, l'humanité est une grande commission d'enquête, dont rien ne doit jamais fausser les opérations. Cette idée que toute vérité qui ne vient pas de nous est un mensonge et que jusque dans les adhésions que nous donnons, notre sens critique doit toujours rester en éveil et qu'une révolte secrète doit se mêler à toute nos affirmations et à toutes nos pensées" -
  Jean Jaurès, s'exprimant à la Chambre des Députés.

Depuis lors, le Grand Orient De France a été excommunié par la Grande Loge d'Angleterre et le Suprême Conseil (de la Grande Loge Nationale Française) est seul invité aux congrès internationaux, ce qui n'est plus aujourd'hui d'une grande importance. Mais cet acte libératoire du Grand Orient De France marque l'originalité de son action en la plaçant à la pointe du combat de la Franc-maçonnerie française en faveur de la liberté de penser.

Les heures sombres 

Avec la défaite de 1940 et dès l'entrée des allemands dans Paris, les loges sont perquisitionnées et pillées. Un décret frappe de nullité la Grande Loge de France, le Grand Orient De France et tous les groupes affiliés. Cette interdiction s'accompagne de violentes campagnes dans la presse et le cinéma sur le thème du complot judéo-maçonnique. Francs-maçons et les juifs sont désignés comme les responsables de la défaite et le film antimaçonnique "Forces Occultes" sort dans des salles des Champs-Élysées, puis est projeté dans des cinémas, en complément des actualités.

Forces occultes. Film anti-maçonnique de 1942 - 50 min.

En 1943, le film « Forces occultes » sort sur les écrans. Le scénario de ce moyen-métrage de cinquante minutes a été réalisé par deux ex-frère : Jean Marquès-Rivière et Jean Mamy (sous le pseudonyme de Paul Riche). Ces hommes se sont tournés du côté des nazis dès 1941 et se sont dépensés sans compter pour éliminer toute résistance au régime de Vichy. Marquès-Rivière fuit la France dès la fin de la guerre sentant que ses positions ne lui éviteraient pas la peine capitale. En effet, il fut condamné à mort par contumace.


                                             Visionner le film - version intégrale

   

A propos de Forces occultes - Editions Véga - René Le Moal

Avec Jean-Louis Coy et Jean Robert Ragache

Images Olivier Moulaï et Maurice Lafourcade

 

Visionner l'entretien

 

 Acquérir le DVD : Forces occultes et l'entretien avec Jean-Robert Ragache

 

Lorsque le Grand Orient s'aperçoit que la situation devient très difficile, il brûle son fichier, mais pas ses archives. Et les services de Vichy, imprégnés d'idéologie d'extrême droite et qui veulent lutter contre la franc-maçonnerie, installent une équipe, pour dépouiller ces archives et établir des fiches sur chacun des francs-maçons afin de les poursuivre. Les persécutions s'amplifient alors. Beaucoup de francs-maçons meurent dans la Résistance, ou sont déportés et ne reviendront pas. Fichiers détruits, locaux dévastés, le bilan de la guerre est sombre. Le Grand Orient qui comptait 28.800 membres en 1939, n'en retrouvera plus que 8.000 en 1945. 

Chaque religion a ses coutumes 

La Franc-maçonnerie compte de rares spécialistes informés sur ses mœurs, ses coutumes et connaissant à fond les rites et leurs variantes. Ce sont les "bénédictins de l'Art Royal" … Ils savent les légendes et pratiquent la dialectique particulière à l'Ordre. Ils savent que la Franc-maçonnerie revendique parfois des fondateurs aussi illustres qu'Adam, Caïn, Dieu le Père, Jésus Christ, Solon, Moïse, Zoroastre, Thalès, Josué, l'archange Saint Michel ou Noé, premier Grand Maître après le Déluge.

Les avis diffèrent et l'on trouve aussi, au hasard des ouvrages : Alexandre le Grand, le Roi Arthur, Bacon, Cromwell, Jacques de Molay, dernier Grand Maître des Templiers, Jules César, Phaleg, architecte de la Tour de Babel, Richard Cœur de Lion, Salomon, Tubalcaïn, et bien entendu Hiram, architecte du temple de Salomon. Tout a été dit, affirmé, inventé, imaginé, en la matière. Le sujet, inépuisable, n'offre plus d'intérêt majeur et les maçons sérieux n'y attachent plus qu'une importance très relative, depuis que les ouvrages d'Albert Lantoine ont mis les choses au point à cet égard.

Certes, André Lebey écrit, à propos des initiations aux trois premiers grades : "Toute cérémonie peut prêter à critique négative du moment qu'on en ignore l'esprit". Bien sur … "D'autant qu'il faut une religion pour la canaille" comme dit le Frère Voltaire. Et qu'un peu de merveilleux ne nuit pas afin d'impressionner le profane, ou même l'initié. Après tout, cela ne fait de mal à personne …

Chaque religion a ses coutumes. La Franc-maçonnerie, qui n'est pas une religion, a les siennes. Le calendrier maçonnique fait remonter l'Ordre aux temps bibliques et nous sommes aujourd'hui en 6008, Ere de la Vraie Lumière. Il y a les tabliers, les cordons, les sautoirs, l'architecture du temple, un alphabet particulier, les signes et attouchements de reconnaissance, les mots de passe et le cérémonial, strict.

Une plume est un pinceau, écrire se dit buriner, rédiger un travail se dit buriner une planche. Le papier blanc s'appelle la planche à tracer et l'ordre du jour d'une réunion le plan parfait. Un discours s'appelle un morceau d'architecture, un verre à boire s'appelle un canon et une nappe un drapeau. Aujourd'hui, dans le monde profane, personne n'hésite plus à accepter de prendre un canon et chacun connaît parfaitement le sens de l'expression : laisser un drapeau… 

Une société de tradition orale 

Mais l'accessoire indispensable à la Franc-maçonnerie, c'est la langue, la parole. La Franc-maçonnerie est en effet une société de tradition orale. "Le maçon - dit Albert Lantoine, - adore parler car cela le dispense de penser. Dans les Temples, le verbe est Dieu. Le Franc-maçon résout les questions sociales avec l'intrépidité des ignorants et il use du mot de philosophie avec une telle dilection, qu'il en arrive à se croire philosophe. Dans les loges, le verbe est Dieu. On appelle cela des morceaux d'architecture, mais ce sont des mots, toujours des mots".

Parler, c’est agir, mais qu’en est-il quand il n’y a plus que des paroles et encore des paroles, comme s’il suffisait de parler pour faire ? On comprend, dans ces conditions, que la jeunesse, échappée au péril verbal des religions, considère la Franc-maçonnerie avec une certaine défiance.


Sous l'égide de grands anciens

Car l'apothéose de la Franc-maçonnerie ne se termine-t-elle pas en 1905 ? Même s'il n'y a jamais eu en France autant de francs-maçons, la Franc-maçonnerie ne connaît-elle pas son crépuscule, ou tout au moins une éclipse sérieuse ? Après la tempête des années quarante, où tant de frères ont payé souvent de leur vie, d'avoir cru la République trop solide, les francs-maçons se réunissent aujourd'hui dans des loges confortables, sous la protection des pouvoirs publics, avec des titres et des diplômes d'un autre âge.

Alors, devant les révolutions qui s'annoncent (information, biotechnologies, nanotechnologies et neurotechnologies) qui vont profondément modifier notre culture et notre civilisation, même en considérant le rôle décisif des francs-maçons dans le débat sur l'abolition de la peine de mort, le vote de la loi Veil qui a légalisé l'interruption volontaire de grossesse (sous les horions de la majorité de l'époque) et la participation capitale du Grand Maître du Grand Orient De France Roger Leray dans la médiation en Nouvelle Calédonie, ne vivent-ils pas aujourd'hui dans l'illusion de perpétuer, sous l'égide de grands anciens, une tradition qui fut naguère révolutionnaire, en s'illusionnant gravement l'efficacité de leur action mais surtout en surestimant encore plus gravement la solidité de la République ?

La franc-maçonnerie a obtenu des résultats majeurs, mais aujourd'hui, comme au moment du Front Populaire, où elle s'est révélée incapable d'accorder le droit de vote aux femmes de notre pays, que propose-t-elle ? Pratiquement rien… Sinon un Ancien Grand Maître du Grand Orient De France devisant régulièrement sur la sécurité dans les débats télévisés, la médiatisation des affaires qui défrayent les chroniques, lorsque ce n'est pas une extériorisation pure et simple de ses divisions internes en toute indiscrétion sur l'Internet

Les hommes de bonne volonté

Le septième volume des "Hommes de bonne volonté" de Jules Romain, s'intitule : "Recherche d'une église". Ce livre comporte en post-face une lettre adressée par Clanricard, à un ami profane, au lendemain de sa réception dans une loge maçonnique.

"Mon cher ami - écrit Clanricard - j'ai passé aujourd'hui les épreuves de l'initiation… Je ne crois pas manquer au secret que m'impose mon affiliation en vous disant un mot des impressions que me laisse la cérémonie d'aujourd'hui. Je ne risque pas de trahir mes serments, n'ayant d'ailleurs rien à vous révéler que vous ne connaîtriez déjà. D'ailleurs, ce qui vous intéresse, c'est le côté moral. Je vous mentirais si je vous disais, qu'à aucun moment, je n'ai ressenti une gêne, surtout au début, dans le cabinet de réflexion. J'accorde que le décor peut prêter à sourire. De même que les questions posées et la rédaction du testament philosophique, qui donnent à l'épreuve un air un peu naïvement scolaire. Dans l'ensemble, j'ai à peu près réussi à prendre ces formalités pour ce qu'elles sont et à ne pas perdre de vue le but élevé qui s'offrait à moi par delà. Bref, je ne suis pas mécontent d'avoir franchi ce pas que je redoutais un peu. Les délicats sont malheureux. Cela est vrai dans l'art, mais plus encore dans l'action. Bien amicalement à vous".  - Signé Clanricard.
Depuis cette lettre, les temps ont bien changé, mais la Franc-maçonnerie cherche toujours "des hommes de bonne volonté"

Aujourd'hui, la porte du temple cesse d'être visible de l'extérieur profané. Mais, comme toujours, il faut à l'homme un village … Et quand le village terrestre s'est effacé, l'homme comprend que sa vraie patrie est un village spirituel et que seule une société initiatique traditionnelle peut constituer ce village spirituel.

C'est pourquoi jamais les conditions historiques, politiques, sociales et culturelles, n'ont assigné aux écoles de la philosophie éternelle, aux compagnons du Temple invisible et pour tout dire à la franc-maçonnerie spirituelle, un rôle aussi évident et nécessaire.


Maj 07 04 2010 *

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17 juillet 2009 5 17 /07 /juillet /2009 08:01

 

 

"Si la curiosité t'a conduit ici, vas-t-en" …

C'est la phrase que lit le profane sur le mur du Cabinet de Réflexion où il est enfermé, avant que lui soit donnée l'initiation qu'il a sollicitée. Or cette curiosité, le public, de tout temps, l'a manifestée à l'égard de la Franc-Maçonnerie. Et pour tenter de la satisfaire, tant de livres ont été déjà écrits, que le sujet devrait être épuisé.

Tout a été dit et même un peu plus ... Mais l'excès d'information tue l'information véritable parce que le lecteur profane (ou même maçon) n'est plus capable de démêler le vrai du faux dans l'amas des affirmations contradictoires … La curiosité devient un puits sans fond que rien ne peut combler lorsqu'elle s'attache à un sujet aussi vaste, aussi complexe … et aussi ancien.

Le Législateur de la Franc-Maçonnerie moderne
écrivait en 1723 : "Adam, notre premier père, créé à l'image de Dieu, le Grand Architecte de l'Univers, dut avoir les sciences libérales, et notamment la géométrie, gravées dans le cœur". On a beaucoup gaussé cette phrase. On lui a reproché la pompeuse prétention de faire - sous le vocable de géométrie, science essentielle du maçon constructeur - remonter le début de la Maçonnerie à l'origine du monde.

Rieurs et censeurs oublient que si le Franc-Maçon géométrise, il se plaît aussi à s’exprimer par des symboles ; Anderson, dans le style emphatique de son temps, a simplement voulu faire entendre que l’idée essentielle sur laquelle se fonde l’Ordre maçonnique, est une constante de l’esprit humain et que Maçonnisme est inséparable d’Humanisme. Mais tout ce qui vit évolue en fonction de l’époque et du milieu ; Humanisme et Maçonnisme, choses vivantes issues de principes invariables, s’expriment donc de façon variable et transitoire pour se faire entendre par des générations successives et répondre à leurs aspirations.

C’est parce que la Franc-Maçonnerie a su, sans trahir son idéal traditionnel, s’adapter aux hommes des divers temps et des divers pays pour les guider dans leur quête du perfectionnement individuel et social dans un climat d’amour fraternel, qu’elle est restée vivante et qu’elle apparaît protéiforme, ce qui déroute les profanes et même certains maçons insuffisamment attentifs aux conditions de son évolution.

Sa tâche n’est jamais achevée ; le but qu’elle poursuit inlassablement paraît reculer à mesure qu’elle progresse sur la voie qui y conduit. Le maçon le sait et il ne s’en émeut pas. Pour garder sa sérénité et conserver sa confiance, il lui suffit de se sentir engagé sur le sentier qui monte vers la lumière et d’être intimement assuré qu’à chacune des croisées du chemin, la maçonnerie saura lui inspirer le bon choix.

Cette confiance, cette sérénité, voilà le secret du Franc-Maçon qui pique si fort les curiosités. Et c’est un secret qu’il ne saurait trahir, parce qu’il ne pourrait l’exprimer de façon intelligible à qui n’est pas passé par les épreuves qui font d’un profane un Franc-Maçon.

Que ceux qui sont tentés de lire les ouvrages maçonniques n’espèrent pas y trouver révélé aucun secret : ils seraient bien déçus. Si la seule curiosité les pousse à cette lecture, qu’ils écoutent le conseil du Cabinet de Réflexion : " Si la curiosité t’a conduit ici, va-t’en ".

Mais si est né et a grandi dans leur cœur le besoin d'apprendre une géométrie humaine, créatrice d'ordre, d'équilibre, de mesure et d'harmonie dans l'individu d'abord, dans la société ensuite, rendus tous deux plus fraternels, alors seulement, ils auront chance de tirer quelque profit des études qui leurs sont offertes sur la Franc-Maçonnerie, telle que l'a façonnée son histoire.



Bonnes pages -
Joannis Corneloup -
 La Franc-Maçonnerie universelle - Préface - Editions la Clé de Voûte

N. B. - Souvent, des amis francs-maçons ou profanes, nous interrogent sur les ouvrages à propos de la Franc-Maçonnerie sur lesquels ils pourraient porter leur choix en priorité. C'est la raison qui nous a incités à créer, sur ce blog, cette nouvelle catégorie : "Bonnes pages" (inspirée de celle qu'a créée sur son site le Grand Chapitre Général du Grand Orient De France). Elle est destinée à proposer soit la présentation d'ouvrages, soit des pages de ces ouvrages, significatives de la pensée maçonnique. Pour débuter cette "série", nous avons choisi un texte d'un Franc-Maçon incontesté, Joannis Corneloup, sur un sujet toujours brûlant : "le secret maçonnique".


Maj 12 12 09 *

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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 09:20

Faust est le mythe de l'homme moderne,
le Golem est le mythe de l'homme postmoderne ...


 
Tous les peuples racontent d'étranges histoires d'idoles et d'images auxquelles des anges ou des mages ont su transmettre le pouvoir de parler.

L'idée de l'homme qui crée un être vivant selon son image et à sa ressemblance est universelle. Elle s'exprime au moyen d'histoires, contes et légendes qui, sous les voiles des symboles et des allégories, racontent l'histoire de l'humanité. Cette histoire est contenue dans la
légende du Golem, associée par la rumeur publique à un grand sage d'Israël,  le Haut Rabbi Loew  de Prague. Le mot Golem apparaît dans la Bible, dans le Talmud et dans la littérature juive médiévale.


Le Golem est, selon la tradition juive, un robot humain créé avec de la terre. Le Talmud dit qu'Adam a été un Golem durant les premières heures de sa vie. Au Moyen Age, la rumeur attribuait à de nombreux savants le pouvoir de créer un Golem.

La version la plus connue de la légende concerne le  
Haut Rabbi Loew de Prague. Curieux de toutes les formes du savoir, témoin des guerres de religion, défenseur de Copernic, pionnier de la philosophie dialectique, le Haut Rabbi Loew (dit le " Maharal "), eut avec l'empereur Rodolphe II de Habsbourg, une conversation "sur les sujets les plus élevés et les plus secrets", selon le chroniqueur David Gans.


Toutes les versions de la légende font du créateur de Golem un apprenti sorcier. Le Golem, au XIXème siècle, inspire des romantiques allemands (Jacob Grimm, Achim von Amim) et se mêle au thème de l'ombre, du double et de l'automate. (E.T.A. Hoffman, Adelbert de Chamisso).

C'est en notre XXe siècle, qui voit la technique accomplir les promesses du savoir, pour le meilleur et pour le pire, que
la légende du Golem fascine et éclate en œuvres multiples.

Et le sens de cette fascination est à mettre en rapport avec nos inquiétudes et aussi avec les questions fondamentales.

De 1890 à 1904, Rudolph Lothar publie Der Golem, Phantasien und Historien.

1908 - Arthur Holitscher crée "Der Golem" une tragédie en trois actes ;
1914 - Der Rabbiner von Prag, écrit un drame kabbalistique en quatre actes ;
1914 - Le poète Hugo Salus écrit "Le Haut Rabbi Loew" ;
1915 -
Gustav Meyrink publie "Der Golem", qui sera traduit dans de nombreuses langues.

1920 - Le Golem inspire un
chef-d'œuvre du cinéma muet réalisé par P. Wegener et H. Galeen ;
1921 - David Freischman, écrit en hébreu Ha-Golem, une pièce de théâtre créée par Léivick Halpern, représentée avec succès à Moscou et, en hébreu, au théâtre Habimah à Tel-Aviv ;
1926 - L'opéra "Der Golem" d'Eugen d'Albert sur le livret de F. Lion, représenté à Francfort ;
1932 - Joseph Achron compose "Le Golem" une suite pour orchestre ;
1936 - Le cinéaste français Julien Duvivier fait un remake du film de Paul Wegener ;
1948 - Arnold Lustig écrit le scénario d'un film tchèque sur "Le Golem".

1962 - Francis Burt compose le ballet Der Golem, chorégraphie d'Erika Hanka - Vienne ;
1966 - André Neher désocculte l'œuvre du rabbi Loew de Prague dans "Le Puits de l'Exil" ;
1969 - Réédition de la traduction du roman
"Der Golem" de Gustav Meyrink - Editions Stock.
1987 - André Neher publie
 Faust et le Maharal de Prague, le mythe et le réel (Paris, PUF)
1993 - Daniel Béresniak publie " L'étrange histoire du Golem " - Editions Trédaniel.

Le Golem, cette
une figure d'argile animée magiquement, est un automate qui personnifie les automates humains que crée la société moderne avec ses impitoyables contingences. Pas plus que le Golem, l'homme moderne ne choisit son action. II exécute, comme malgré lui, les ordres qui lui sont donnés par la société.

Cependant, par dessus ces exigences, le Divin vient s'inscrire comme une réalité agissante : "La bouche de tout homme devient la bouche de Dieu, si vous croyez quelle est la bouche de D!EU", vision grandiose de la condition humaine.

L'histoire du Golem, qui est aujourd'hui un classique de la littérature fantastique moderne, devient ainsi I''expression même de la condition humaine avec ses misères et sa grandeur".


Maj 12 12 09 *
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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 02:51

Voici un article de mon ami Candide ...alchimie2

"J’hésite à employer le terme "ésotérique", il est tellement galvaudé ! On en trouve partout, la moindre boîte d’allumettes est prétexte à mettre ses proportions en correspondance avec celles de la Grande Pyramide. Il est devenu, par la force des choses, l’apanage de petits groupes mystérieux qui vous initient, paraît-il, aux arcanes de mystères connus d’eux-seuls et qui sont, bien entendu, hautement ésotériques.


Il faut cependant l’aborder sans préjugés" ...


               

A  lire ... Ainsi que bien d'autres sur le blog de Candide ... 


          Les deux voies de la connaissance
                    Exotérisme : livre ouvert
                    Esotérisme : livre fermé
          Cathédrale Notre Dame de Paris
          Façade Ouest - Trumeau du Portail Central


Maj 12 12 09 *

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30 mai 2009 6 30 /05 /mai /2009 08:58

Plotin, une intense expérience initiatique -

Parmi les sources de la franc-maçonnerie - ensemble ouvert de rites et de symboles proposés à la méditation, on cite d’abord, habituellement, les traditions pythagoriciennes des maçons "opératifs" du moyen âge. Ces traditions se retrouvent également dans le Compagnonnage. Les historiens, et les auteurs plus spécifiquement maçonniques, citent aussi d’autres sources plus ou moins anciennes : les unes remontent à l’hermétisme gréco-égyptien, les autres à certains courants de la mystique juive, notamment la kabbale.

Ils ont un peu plus de mal à considérer de façon consensuelle dans les sources de la franc-maçonnerie certains courants de la mystique chrétienne - en particulier la "théologie négative" - quoique la chose soit particulièrement constatable en certains degrés de l’Ecossisme ou dans certains rites. Cela se comprend.

Plus étonnant est le fait que les spécialistes des sources maçonniques ne font que rarement mention de Plotin qui vécut au troisième siècle, entre 205 et 270, alors que sa pensée, sa morale et la conduite de sa vie peuvent être authentiquement considérées comme pré-maçonniques. On les connaît par cinquante quatre traités (regroupés par neuf, en six Ennéades) et par la vie de Plotin que rédigea son disciple Porphyre.

Parler de Plotin, c’est prendre le risque de faire d’abord étalage d’érudition philosophique. Risque à prendre, car remonter à une source "plotinienne" de la franc-maçonnerie ouvre à bien davantage pour le franc-maçon qu’au plaisir vain de jouer à l’érudit. On y découvre une intense expérience initiatique. Comme la plupart des philosophes de l’Antiquité - comme Socrate, Diogène ou Sénèque - Plotin voulait en effet que sa propre vie soit le premier témoin de la vérité et de la cohérence de ses pensées. Il vécut à une époque d’intense compétition religieuse et spirituelle, au sein d’un empire romain déjà largement menacé à ses frontières et qui voyait s’affronter quantité de sectes religieuses dont l’une allait s’imposer, un siècle plus tard, comme l’alliée exclusive du pouvoir impérial finissant.

Dans ce monde prêt à se disloquer, Plotin était hanté par la pensée de "l’Un". Voulant être cohérent en lui-même, recherchant en lui l’unité de la pensée et de l’action, mais laissant librement sa pensée aller jusqu’à vouloir rendre compte de ce qui est le plus grand bonheur à vivre - l’extase amoureuse - il fait assurément partie des auteurs à propos desquels on peut parler de "maîtrise" …

Les commentateurs de Plotin l’ont rangé, par commodité raisonnable, parmi les néo-platoniciens. Rangement sans doute trop réducteur. Si la doctrine platonicienne est la base sur laquelle Plotin a construit le temple de sa pensée, on a également établi chez lui la trace profonde d’influences plus orientales - du côté de l’Inde et autour - sans doute venues de ce qui préparait alors l’enseignement du Vedanta. Influences ou intuition ? La question demeure marginale, ce d’autant plus qu’il y eût sans doute convergence d’influences et d’intuitions.

Plotin parle d’un Dieu unique, ou plutôt de "l’Un". Impersonnel. Inconnaissable. Il n’était pas chrétien. Disciple d’un certain Ammonius dont on ne sait presque rien, il laisse pressentir la profondeur des traditions spirituelles qui s’étaient formées depuis des siècles dans l’Egypte hellénistique. Traditions perdues, les unes parce qu’elles étaient strictement orales, les autres parce que leurs rares écrits ont disparu dans les saccages successifs de la bibliothèque d’Alexandrie.


Maj 12 12 09 *
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