De 1717
à 1870 - (Chronologie
1) - (Chronologie 2)
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Albert Lantoine disait, à propos de son Histoire de la franc-maçonnerie : "Il ne s'agit pas ici d'un travail favorable
ou défavorable à la Franc-maçonnerie, mais de son existence à travers les régimes" …
L'histoire de la franc-maçonnerie, telle qu'on la raconte, est encombrée d'un fatras romantique,
imaginé par des francs-maçons, certes épris de l'Ordre, mais il faut bien le reconnaître, parfois un peu délirants. Car pour étudier cette histoire, il n'est, en effet, pas besoin de remonter à
la construction du Temple de Salomon ou à la Genèse.
La franc-maçonnerie spéculative, autrement dit la Société de Pensée que nous connaissons aujourd'hui
est née vers 1717 en Angleterre. Elle n'a qu'un rapport sentimental, traditionnel, avec la Franc-maçonnerie opérative du Moyen Age, ce que les Sociétés Compagnonniques actuelles confirment bien, en se démarquant formellement de la Franc-maçonnerie. Les maçons
constructeurs d'églises et de châteaux, détenaient des secrets techniques, hérités du passé. Leurs corporations étaient respectées. Elles tenaient des réunions confidentielles, avaient des
traditions et des rites qui les entouraient d'un certain mystère.
Puis les mœurs changèrent. On éleva moins de cathédrales. Les maçons se laissèrent aller à ouvrir
leurs assises à des profanes : philosophes, curieux, grands seigneurs, esprits inquiets, voire conspirateurs - que les franchises des corporations mettaient à l'abri de la police. Peu à peu, les
très anciens règlements des loges opératives, les recettes et les secrets strictement professionnels, se transformèrent en "rituels" : la Franc-maçonnerie
moderne était en gestation.
En
Angleterre
Il y a bientôt trois cents ans, quatre loges londoniennes, habituées à se réunir dans des tavernes -
"A l'Oie et au Gril", "Au Pommier", à "La Couronne" et à "La Grappe de Raisin" - se réunissent en assemblée générale et se fédèrent. Le meeting de ces quatre
loges permet d'accrocher une date précise, de poser un jalon, dans l'histoire de la Franc-maçonnerie : la création de la Grande Loge d'Angleterre, le 24 juin 1717.
Trente ans plus tôt, à la suite de la Révocation de l'Edit de
Nantes par Louis XIV, le 18 octobre 1685 - ce qui a pour conséquence de faire disparaître en France
les églises réformées et de contraindre les protestants à la clandestinité ou à l'exil - un enfant de huguenots français avait dû s'enfuir à bord d'un vaisseau anglais. Cet enfant, devenu le
pasteur Jean Théophile Desaguliers, allait être le théoricien et le metteur au point d'une conception
nouvelle de la société qui allait faire lentement son chemin, aidée par des esprits généreux, des philosophes, des mécontents : Echec au
Roi.
Avec la collaboration du vieux maçon
Anderson, Desaguliers rédige les Constitutions des Francs-maçons, contenant l'histoire, les devoirs, les règles, de cette authentique et vénérable
fraternité. La Franc-maçonnerie, Société de Pensée, possède alors sa charte spirituelle et Desaguliers, esprit universel et ami de Newton, est élu Grand maître de la Grande Loge
d'Angleterre.
Faite à l'usage des loges, la
nouvelle "bible", dédiée au Grand Architecte De L'Univers, est publiée en Angleterre en 1723, puis en Irlande, en
Amérique - par les soins de Franklin. Elle est ensuite traduite en allemand, puis en français en 1745. Ainsi, soudée
au passé légendaire et religieux, afin de ne pas effaroucher les candidats, la franc-maçonnerie devient, en fait, une école nouvelle, scientifique, universelle et surtout indépendante des
religions et de l'état. Mais les savants cuisinent, en secret, le dogme libéral, rationaliste, philanthropique et pour tout dire, républicain, ce
dogme ouveau qui va faire la conquête du monde.
En France
Il est probable, qu'avec ou sans la
maçonnerie, l'explosion libératrice du XVIIIème siècle aurait eu lieu, car l'idée "était dans l'air". Mais la Franc-maçonnerie anglaise a sans doute été le laboratoire antipapiste et
antilatin qui allait fournir aux français et à l'Europe les explosifs nécessaires à leur émancipation. De nouvelles loges se créent, non seulement en Angleterre, mais partout dans le monde où
résident des anglais.
La grande bourgeoisie, annonciatrice du grand capital du XIXème siècle, s'enrôle
d'enthousiasme dans les loges. Les professions libérales y discutent librement d'idées quasi subversives. Bourgeois et marchands coudoient avec quelque vanité les frères de la noblesse. La
Franc-maçonnerie les met de pair à compagnon avec des gens qui, dans la rue, les feraient bâtonner.
Les aristocrates, qui éprouvent alors le besoin de "se garer un peu",
créent le grade de maître, qu'ils se réservent - discrètement - en sus des autres grades opératifs d'apprenti et de compagnon. Cela ne change rien à la fraternité de principe, mais remet
toutefois chacun à sa place.
L'absence de textes précis ne permet pas de connaître les origines exactes de la Franc-maçonnerie qui est, à
quelques années près, aussi ancienne en France que la maçonnerie anglaise. Il est pratiquement impossible, à travers les légendes et les traditions, de savoir où, quand et comment fut créée la
première loge maçonnique française.
On sait qu'en 1736 le Conseil du Roi supprime les réunions de "Frimaçons" sur les conseils de la police et qu'en 1738, le Duc d'Antin est
élu Grand Maître, ce qui rassure la police et le Roi.
Les origines de la franc-maçonnerie
spéculative
Par Roger
Dachez
"Hauts"
Grades
L'idée de faire élire un Grand Maître est due à un maçon écossais, naturalisé
français, le Chevalier Ramsay, qui fut pour la maçonnerie française, un réformateur analogue à Desaguliers. Ramsay
écrivit un discours célèbre, bien qu'il ne fut jamais prononcé. Il recommandait la philanthropie, la morale, la
pratique des sciences et des arts ainsi que la discrétion - au titre de laquelle il écartait toute idée d'admission des femmes dans la Franc-maçonnerie. On ne peut préjuger de l'opinion qu'il
pourrait exprimer aujourd'hui.
En réaction contre la frivolité des "loges de table" où aucun travail
sérieux ne pouvait être réalisé et sous l'impulsion d'aristocrates, importunés par la fréquentation confraternelle de roturiers, on décide alors de créer une Franc-maçonnerie
"supérieure", un cénacle choisi. Et l'on adjoint aux trois grades symboliques de la Franc-maçonnerie opérative, un ensemble de"Hauts Grades", appelés écossais, bien que la maçonnerie écossaise ne soit absolument pour rien dans leur
invention.
Ainsi, vers les années 1750, les Loges Ecossaises fleurissent avec des titres
éblouissants : Ecossais Fidèles de la Vielle Bru de Toulouse, Mère Loge Ecossaise de Marseille, Sublime Mère Loge du Grand Globe Français, Cour des Souverains Grands Commandeurs du Temple de
Carcassonne… Et les "Maîtres de Loges" s'empressent d'adhérer à cette nouvelle aristocratie.
Survient alors l'affaire Lacorne car le Comte de Clermont, Grand Maître de la
Franc-maçonnerie, choisit comme deuxième coadjuteur ce " Maître à Danser " d'origine roturière. A la demande des aristocrates, il doit évincer Lacorne. Et la noblesse mène alors contre
la bourgeoisie par un à zéro.
Quant à la maçonnerie, elle est mise en sommeil jusqu'à l'élection, comme Grand
Maître, de Louis Philippe d'Orléans, cousin du Roi, le futur Philippe Egalité de la Révolution. On se met alors d'accord pour entreprendre un vaste travail de réorganisation qui aboutit à la
création du Grand Orient De France en 1773. Ainsi disparaît, d'un consentement unanime, la Grande Loge pour faire place à un organisme national capable de coordonner les travaux de toute la
Franc-maçonnerie et d'en assurer l'administration.
Mais la belle unité ne dure pas trois mois. Il y a aussitôt des déçus, des
mécontents. Une Grande Loge dissidente se constitue à Paris, en reprenant la tradition de l'ancienne Grande Loge. Désormais, deux obédiences se livreront à une concurrence souvent aiguë, quoique
fraternelle.
Mais le Grand Orient De France, d'inspiration strictement française, donnera à la
Franc-maçonnerie l'impulsion qui lui assurera, en dépit d'inquiétantes éclipses, une place de premier plan dans l'histoire de notre pays.
La
Révolution
On discutera longtemps du rôle de la Franc-maçonnerie dans la préparation et la
réalisation de la Révolution française. La Franc-maçonnerie est alors une association puissante qui compte près de sept cents Ateliers. Elle est entrée dans les mœurs et fait partie intégrante de
la société à tous les niveaux ou presque.
Elle constitue, avec la religion catholique, le seul trait d'union libre de toute
entrave fiscale ou administrative, entre les provinces françaises. Les idées s'échangent, se confortent. On émet des propositions hardies. On prône la Sagesse, la Morale, la Liberté, la
Fraternité, l'Egalité, l'Emancipation. La Franc-maçonnerie peut être fière, à bon droit, de son rôle important dans le drame qui se prépare.
Mais lorsque la tempête explose, la Franc-maçonnerie se volatilise brusquement. La
Grande Loge suspend ses travaux en 1791. Le Grand Orient fait de même en 1792. "On n'avait pas voulu ça"… Les aristocrates filent directement à Coblence. Et les gros bourgeois libéraux
soutiendront Thermidor qui sauvera leurs biens.
La bourgeoisie égalise contre la noblesse et le score est alors de un à un
...
L'Empire
Napoléon, qui domestique les institutions avec le brio particulier des dictateurs,
case ses militaires athées dans la Franc-maçonnerie, ce qui a pour résultat imprévu de la rendre anticléricale. Et avec l'Empire apparaît, importé d'Amérique, le Rite Ecossais Ancien Accepté.
Ainsi, aux trois grades opératifs du début des loges bleues s'ajouteront désormais et les "Hauts" Grades des Ateliers Ecossais et tous les grades du Rite Ecossais Ancien
Accepté.
Le Rite Ecossais Rectifié
Par Roger Dachez
De 1848 à la
Commune
La Révolution de 1848, inspirée par la bourgeoisie libérale, est exécutée par le
peuple, suivant l'usage. La franc-maçonnerie l'acclame. Trois membres du gouvernement provisoire, revêtus de leurs insignes maçonniques, reçoivent officiellement une délégation du Grand Orient De
France. Mais malgré le bulletin de vote accordé aux travailleurs, l'âge d'or est, en réalité, pour le grand capitalisme en plein épanouissement.
Napoléon III veut une maçonnerie obéissante. Il nomme, comme Grand Maître, le
Maréchal Magnan, qui décide la fusion des deux obédiences rivales, en y incluant le Rite dit de Misraïm, avec ses quatre vingt dix neuf grades, record
absolu.
Vient l'heure de la Commune, dont on accuse, bien sur, la Franc-maçonnerie d'être
responsable. Pourtant, les loges ont un rôle de conciliation. Elles multiplient les démarches auprès de Thiers. Mais la froide férocité du petit homme effare les délégués et les maçons du camp
Versaillais, impuissants devant la répression qui s'annonce. Car il y a des frères maçons des deux côtés des barricades.
Le Grand Orient De France modifie alors sa Constitution. La Grande Maîtrise est
supprimée. Elle est remplacée par un Conseil de l'Ordre, élu par les délégués des Ateliers regroupés par régions. Le Conseil élit ensuite son Président, ses Vice-Présidents et ses Officiers. Une
procédure qui est encore actuellement en vigueur et qui est une leçon de civisme républicain au moment même où l'Assemblée Nationale, à Versailles, prépare le retour à la
Monarchie.
Echec et Mat : Vive la République Sociale
…
Article détruit par erreur- Remis en ligne le 7 05 2010