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6 janvier 2009 2 06 /01 /janvier /2009 14:17

 

 

(Il est inutile de présenter) une liste complète des Grades prétendus maçonniques ou plutôt des aberrations de toute nature, pratiquées, pendant un siècle et demi, par des hommes dits d’élite ; inventés par des Maçons qui, doutant de la puissance civilisatrice de la Maçonnerie symbolique, croyaient devoir recourir à une extension de moyens ; ou créés, en plus grande partie, par d’adroits spéculateurs qui, connaissant le faible humain pour les décorations et la vanité, ont enté sur la belle simplicité des trois premiers degrés, qu’ils n’ont pu parvenir à détruire, des systèmes faux et souvent absurdes ou horribles, persuadés que l’appât de la nouveauté attirerait des dupes, dont le nombre aujourd’hui est encore considérable.

Ils existent ces grades, il faut donc les connaître pour les apprécier. Mais tout Maçon qui les range au dessus des trois premiers degrés n’a pas la conscience de la valeur de ces derniers ; nous oserions même ajouter qu’il ne les connaît pas. De quelle utilité un tel maçon, presque profane, peut-il être dans l’institution ?

Cette ignorance, qui déshonore son jugement, ne peut provenir que du manque d’instruction dans son atelier. Au lieu d’y recevoir la lumière maçonnique, on désépaissit à peine les ténèbres du monde profane. Alors, il n’est pas étonnant que les divagations plus ou moins éloquentes des orateurs des chapitres lui fassent oublier les pâles allocutions de sa loge. Ce sont tous ces hauts grades qui ont attiré sur l’institution primitive des persécutions et une défaveur qui, jamais, ne l’auraient atteinte.

Sans toutes ces vaines superfétations, les Lefranc, les Baruel, les Proyart, les Cadet-Gassicourt, les Gyr et autres écrivains non initiés n’auraient pas écrit contre la Maçonnerie. On sait, depuis longtemps, le cas qu’on doit faire des grades templiers et autres qui avaient des meurtres à venger ; et dans quel discrédit sont tombés les systèmes alchimiques, bibliques, cabalistiques, hermétiques, lévitiques, théosophiques et autres, basés sur le philosophisme, la magie, etc …

Et l’on sait aujourd’hui que le Rite écossais est une jonglerie inventée ailleurs qu’en Écosse, et que le dernier ordre du Temple ne fut qu’une création moderne, soutenue à l’aide de l’audace et de la fronde, et qui ne remonte pas au-delà de 1804.

Renonçons donc à toutes ces innovations schismatiques, hiérarchiques, à toutes ces superfétations hétérogènes, sectogènes. Laissons de côté tous ces titres pompeux et ridicules, tous ces cordons, hochets honteux de vanité, et revenons, de bonne foi, aux utiles effets de l’initiation maçonnique et à sa simplicité primitive ; dans elle seule se trouvent l’union, l’instruction et la force.

Puisse le siècle ne pas s’écouler avant que notre vœu soit accompli !

J-M. Ragon - Tuileur Général de la Franc-maçonnerie - (Nomenclature de soixante quinze maçonneries, cinquante deux rites et plus de mille quatre cents grades).

Ainsi les hauts grades sont sectogènes et le Rite écossais une pure "jonglerie" qui ne nous vient pas d’Écosse mais est le fruit de la cupidité de certains et de la vanité des autres. Et Ragon sait de quoi il parle puisqu’il est trente-troisième du Rite écossais Ancien Accepté, dignitaire du Rite de Misraïm et de l'Ordre du Temple de Bernard-Raymond Fabre-Palaprat ... Autant parler de ce que l’on connaît … Ceci ne valide pas pour autant, les prétentions des (hauts) grades "dits" de sagesse, du Rite Français que le Grand Orient a adopté comme dénominateur commun.
                                                                                                   Voir la tentation de Blois


Maj 12 12 09 *

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4 janvier 2009 7 04 /01 /janvier /2009 08:06

Un tribunal en Maçonnerie où manquent les moyens coercitifs, quelle déception l II y a des statuts et des règlements ; si un frère y manque, ou à l'honneur, l'atelier, sur les conclusions du rapport fait ad hoc, prononce une interdiction temporaire ou la radiation sur le tableau, cette formalité réglementaire est toute la justice maçonnique …

Des autorités maçonniques, sur des plaintes qu'elles eurent, quelquefois, la faiblesse d'écouter, faites par des auteurs dans un but d'instruction et d'utilité, n'ont pas craint, dans le dessein, sans doute, de faire preuve d'autorité, de compromettre leur haute et grave position, en s'érigeant en tribunal - mot étrange en Maçonnerie - à l'effet de prononcer des jugements et même des pénalités pour ces sortes d'infractions qui, souvent avaient eu lieu antérieurement, avec de moins bonnes intentions, sans que l'institution en fut, le moins du monde, ébranlée …

Voici, d'ailleurs, ce qu'en dit un auteur très compétent, ancien officier du Grand Orient :

Un jugement en Maçonnerie n'est et ne peut être qu'une triste et ridicule parodie des jugements rendus, dans la Société, par les tribunaux. On y essaie les mêmes forme ? Ou, du moins, leurs ombres …

D'abord, il a toujours paru fort inconvenant qu'une Société, sans caractère légal, se permette d'imiter les formes et de prendre les noms des institutions civiles ou religieuses les plus importantes : c'est manquer au respect que l'on doit à ces institutions.

En second lieu, par la nature même des choses, il y a deux formalités essentielles, dont le défaut annule radicalement toute procédure dans la Société et qui ne pouvant être constatées en Maçonnerie, font que tous les actes auxquels on ose donner le nom de jugements ne sont que de mauvaises plaisanteries. Ces deux formalités essentielles sont la citation de l'accusé et la signification du jugement.

A moins que la partie intéressée consente à signer un récépissé de ces deux actes, il est impossible, faute d'officiers ministériels, de constater qu'ils ont eu lieu. Il n'en peut donc résulter qu'un jugement par contumace, qui est nul de plein droit. Il est vrai qu'on envoie un frère dans le parvis du temple, pour sommer l'accusé de comparaître. On a comparé celle formalité ridicule à la plaisanterie des convives qui appellent les absents par dessous la table.

Et quand même des jugements contre des accusés, cités d'une manière aussi dérisoire, ne seraient pas le comble de la sottise, tout contumax n'a-t-il pas la faculté de se faire juger de nouveau, en se présentant ?

Comment ose-t-on donc mettre en tête de ces prétendus jugements, qu'ils sont prononcés souverainement et sans appel ? Qu'un Maçon ait forfait à l'honneur, dans ce cas, la Société a le droit de discuter les fait, de recueillir l'avis de ses membres, et de rayer de son tableau celui qui lui parait coupable.

Mais, que l'accusé se présente ou non, une société libre où le lien est tout fraternel et l'autorité toute gracieuse, n'aura jamais le droit de soumettre un de ses membres à la forme humiliante d'un jugement pour des erreurs maçonniques, pour des dissidences.

Une procédure et un jugement maçonniques qui, par les noms imposants qu'on ose leur donner, tendent a déshonorer des Maçons aux yeux des hommes qui se laissent séduire par la pompe des mots, ne déshonorent que les juges, ou, plutôt, en font, tout à la fois, et des Perrin-Dandin, possédés de la manie de juger, et des Scapins qui foudroient leurs ennemis, pour les faire rire. - Extraits des Travaux maçonniques du Frère Chemin-Dupontès, Officier du Grand Orient – 4ème cahier.

J-M. Ragon – Rituels (Inquisiteur, Commandeur – 31ème degré) – Editions du Prieuré.

Jean-Marie Ragon de Bettignies (1781 - 1862) fut initié à la franc-maçonnerie en 1804 à Bruges. Il fut membre du Grand Orient De France, du Rite de Misraïm, de l'Ordre du Temple de Bernard-Raymond Fabre-Palaprat. Il fonda et présida la célèbre loge parisienne "Les Vrais Amis", devenue ensuite "Les Trinosophes", ainsi que le Chapitre et l'Aréopage s'y rattachant.
Considéré par ses contemporains comme le franc-maçon le plus instruit du XIXème siècle, il est l'auteur de nombreux ouvrages maçonniques qui eurent une influence considérable :

La Messe et ses Mystères, le Cours philosophique et interprétatif des initiations anciennes et modernes, l'Orthodoxie Maçonnique, La Maçonnerie Occulte, ainsi qu'une collection de rituels maçonniques. Il fut également l'éditeur de la première revue maçonnique française, "Hermes"
.
Dans le même ouvrage, Ragon précise, au sujet du 31ème grade du Rite Ecossais Ancien Accepté (Grand Inspecteur, Inquisiteur, Commandeur) :

"Ce titre est plus que déplacé dans une nomenclature maçonnique. Ce grade d'ailleurs paraît n'avoir été créé que pour faire nombre. On le regarde comme une répétition inutile du Prévôt et Juge, 13ème degré. Il faut bien qu'il en soit ainsi, puisqu'on n'en tient plus compte dans la collection des grades. Un consistoire, 32* degré, ayant à initier un candidat, ne lui donne pas la dénomination du 31ème degré, qui lui est immédiat, non, il saute par dessus, pour initier un chevalier Kadosch, 30ème degré. Cet usage, qui est contraire aux règles, prouve l'ignorante ineptie des faiseurs de Charleslon qui ne savaient pas ce qu'ils faisaient en surchargeant de huit grades inutiles le rite d'Hérédom".


Maj 19 10 09 - GA - L0

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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 07:56
La fin de la Franc-maçonnerie ? -

 

Telle est la question qu'ose poser Alain Bauer dans son dernier livre "Le crépuscule des frères". Sans préjugés et sans tabous. Sans concession surtout. Car, partout dans le monde, la franc-maçonnerie apparaît menacée. Au sein de ses bastions anglo-saxons, où elle ne cesse de diminuer en nombre. En France, où sa brillance retrouvée ne saurait cacher l'illusion de son pouvoir, les limites de son action.  Doutant depuis plus de vingt ans sans le savoir vraiment, la franc-maçonnerie est-elle au bord du renouveau ou du déclin ? Tout à la fois retour sur les origines, bilan critique du présent, vision lucide quant à demain, cet ouvrage, iconoclaste, dérangeant, salutaire, en appelle à une conception créatrice de la tradition.

Extraits …

 

La franc-maçonnerie à la croisée des chemins.



                                   

Les francs-maçons ont manqué, pour un temps et peut-être pour longtemps, un embranchement essentiel de l'histoire moderne. Au moment où un espace serein de dialogue et d'approfondissement personnel, de réflexion intime et de travail citoyen, était de plus en plus recherché par un grand nombre de personnes, les obédiences ont oublié qu'elles avaient été inventées notamment pour offrir cela. Le Grand Orient assume d'ailleurs une part importante de cette erreur.

 

En effet, depuis l'affaire Dreyfus, la plus ancienne obédience française, jadis si vaillante, a peur d'elle-même et de sa place dans la société. Elle la revendique sans vraiment l'assumer. Elle déplore son effacement sans pourtant s'affirmer. Une crise se profile ? Le Grand Orient se mobilise mais crée immédiatement une autre structure pour œuvrer dans la société : Ligue des droits de l'homme, Ligue de l'enseignement, mutuelles et autres associations se sont ainsi développées partout, peuplées dès l'origine par de nombreux francs-maçons. Hier fiers de leur appartenance, ils apparaissent aujourd'hui frileux et souvent clandestins. Quand le Grand Orient prend position lui-même, il donne l'impression de se marcher sur les pieds. Quand il se tait, il se plaint de ne pas être entendu ! Ces contradictions, à des nuances près, affectent aussi les autres obédiences …

 

Les sujets concernant la société en elle-même, sa reconstitution, ses pulsions, ses frilosités, ses angoisses, sont rarement à l'ordre du jour. La franc-maçonnerie semble devenue une simple spectatrice des bouleversements du monde et de la détresse des hommes. Elle s'émeut, s'agite, dénonce - parfois. Mais elle intervient de moins en moins. Du coup, elle commence à payer le prix d'un renoncement prétendument pragmatique après avoir tant rêvé d'être à proximité du feu des lumières …

 

Si encore il s'agissait simplement de trouver un représentant emblématique à qui on demanderait d'intervenir, la crise serait simple à résoudre … En fait, il n'est pas besoin d'un meilleur porte-parole. Ce qui nous manque, c'est justement la Parole …

 

Alain Bauer - Le crépuscule des frères - La Table Ronde

 

Alain Bauer est Franc-maçon depuis trente ans, a été le grand-maître du Grand Orient de France, du tournant du millénaire jusqu'à 2003. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la franc-maçonnerie.



Alain Bauer parle de la franc-maçonnerie

Maj 19 10 09 - GA - L0
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26 décembre 2008 5 26 /12 /décembre /2008 09:22

"La guerre est pour les âmes un agent de purification, un facteur d'expiation, un levier qui les aide à gravir les hauteurs du patriotisme et du désintéressement chrétien".
Son Eminence le Cardinal Mercier, archevêque de Malines - (Lettre pastorale - Noël 1914).


L'Adoration


(p.18) - Ah ! raison superbe, tu croyais pouvoir te passer de Dieu ! Tu ricanais quand, par son Christ et par son Eglise, il prononçait les paroles graves de l’expiation et de la pénitence. Enivré de tes succès éphémères, homme frivole, repu d’or et de plaisir, tu te suffisais insolemment à toi-même !

Et le vrai Dieu était relégué dans l’oubli, méconnu, blasphémé avec éclat, parfois par ceux que leur situation chargeait de donner à autrui l’exemple du respect de l’ordre et de ses assises. 

(p.20) - Le niveau moral et religieux du pays montait-il de pair avec sa prospérité économique ? Le repos dominical, l’assistance à la Messe du dimanche, le respect du mariage, les lois de la modestie, qu’en faisiez-vous ? … Que devenaient la simplicité de nos pères, l’esprit de pénitence, la confiance dans l’autorité ?

(p.19) - L’anarchie pénétrait les couches inférieures ; les consciences droites se sentaient tentées de scandales :
"Jusques à quand, pensaient-elles, jusques à quand, Seigneur, tolérerez-vous l’orgueil de l’iniquité ? Où êtes-vous, Maître, et donnerez-vous donc finalement raison à l’impie qui proclame que vous vous désintéressez de votre œuvre ?".

(p.19) - Un coup de foudre, et voici tous les calculs humains bouleversés. L’Europe entière tremble sur un volcan. Par milliers nos braves ont été fauchés ; les épouses, les mères pleurent des absents qu’elles ne reverront plus ; les foyers se vident ; la misère s’étend, l’angoisse est poignante …

Ce que j’ai vu de ruines et de cendres dépasse tout ce que j’avais pu imaginer. Eglises, écoles, asiles, hôpitaux, couvents sont hors d’usage ou en ruines. Des villages entiers ont quasi disparu …

La crainte du Seigneur est le principe de la Sagesse. Les émotions se pressent dans les âmes, mais il en est une qui domine, c’est le sentiment que Dieu se révèle le Maître.

(p.19) - Des hommes déshabitués depuis longtemps de la prière, se retournent vers Dieu. Dans l’armée, dans le monde civil, en public, dans le secret des consciences, on prie.

Et la prière n’est pas, cette fois, une parole apprise par cœur qui effleure les lèvres, elle monte du fond de l’âme et se présente devant la Majesté Souveraine sous la forme sublime de l’offrande de la vie.

C’est tout l’être qui s’immole à Dieu. C’est l’adoration …


Maj 17 11 09 - GA - L0  

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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 10:05

Une initiation entre image et réalité

D'où vient que l'idée que l'on a de soi, tantôt se limite à une pensée machinale, cyborg soumis à ses déterminismes, tantôt au contraire se met à répondre à une identité souveraine, fondée sur elle même et se reconnaissant au delà du temps, à la fois une et multiple, changeante et non changeante à chaque rencontre où finalement, on réussit à sortir de soi pour s'unir à quelque chose ou quelqu'un d'autre, réalisant à sa façon, le Simorg de la légende ? A partir de souvenirs personnels et de réflexions plus philosophiques, ce livre tente de traduire cette expérience du temps et de l'instant, du réel et de l'imaginaire, de soi et de l'autre. Expérience de l'ange, de l'amour, de l'art, de l'engagement vital qui, par la coïncidence des opposés, est celle de la double présence.

Extraits :

Les rituels sont discriminants ; ils créent - mais seulement dans le secret - la différence entre ceux qui larguent les amarres et ceux qui restent à quai. Par exemple, en Maçonnerie, cette question posée à l'apprenti : "Avez-vous quelque chose à me communiquer ?". Pendant  vingt ans, je n'y ai rien vu de notable et je ne suis pas "parti" avec elle.

Maintenant, je commence à comprendre en quoi elle est centrale en toute vie, dont la mienne, ayant vu, dans la rue, un couple s'arrêter pour s'embrasser. Rien de plus banal. Pourtant, ce geste ordinaire montre à l'évidence quelque chose à se communiquer, ce qui n'est pas le cas de tous les instants où l'on croit vivre.

En fait, chacun étant être-avec-l'autre, nous ne vivons pleinement que lorsque nous avons quelque chose à communiquer. Y compris à soi-même. Seul, l'esprit se communique. Ce couple m'a aussi éclairé sur la raisson pour laquelle, la plus profonde communication commence rituellement par un geste, non par des mots.

Nous avons besoin de nourriture pour le corps et d'une double nourriture pour l'esprit : intellectuelle et spirituelle. Suivre en soi un chemin spirituel vers "le témoin" ou "l'ange" révélant "qui" nous sommes, ce n'est pas renoncer aux avancées de la connaissance intellectuelle. Au contraire.

La réalité du monde et de soi, au profond de ce que nous pouvons en savoir, nous informe que l'esprit est l'image où le réel se reconnaît comme tel puis se reconnaît comme autre. Et ainsi avance. Démarche spirituelle d'image en image équilibrant les avancées, et maîtrisant les reculs sur le chemin de la connaissance.

Même les axiomes sur quoi se fondent les sciences en dépendent : ils marchent comme les mots substitués du maître franc-maçon, permettant de passer outre les énoncés indécidables. L'indécision manifestée par le spectacle du monde quant à nos propres destinées - l'universalité de la mort - ne signifie donc pas que nous ne pouvons pas décider.

Sartre eut le courage de l'affirmer sans nul mysticisme. Il a forcé le paradoxe jusqu'à dire que l'homme est condamné à être libre dans un monde où "l'existence précède l'essence" ; que nous ne serons quelque chose qu'une fois morts. Avant, nous ne sommes pas, nous existons sans savoir ce que nous serons.

La démarche initiatique résout le paradoxe : elle associe de façon égale l'engagement et la connaissance, la foi axiomatique par les mots substitués et le doute rationnel ; la parole et le silence ; l'existence fraternelle et l'essence de l'amour.

Pierre Auréjac - Une initiation entre image et réalité
Véga - Collections Horizons initiatiques
 


Maj 19 10 09 - GA - L0/

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8 décembre 2008 1 08 /12 /décembre /2008 15:25

Daniel Beresniak est l'auteur de nombreux ouvrages sur la dialectique des mythes et des comportements. Dans "La rose et le compas" il raconte l'histoire passionnante de ceux qui ont voué leur vie à la rose (l'Amour) et au compas (la Raison). Ce livre présente un passionnant portrait des premiers jardiniers de la rose (la mouvance Rose-Croix et rosicrucienne) et des initiateurs du compas : les bâtisseurs, depuis les guildes de constructeurs jusqu'aux Francs-Maçons.

 

Daniel Beresniak met le doigt sur ce que nous devons changer si nous voulons sortir des vieux stéréotypes articulés autour d'une pensée dualiste et répressive. Avec ceux qu'il appelle les initiateurs, il remet en question bon nombre de nos certitudes figées et de nos prêts-à-penser confortables et dangereux.

Extraits :

 

Le mythe du paradis originel perdu à cause de la transgression d'un tabou est généré par la glorification de la pureté. Selon cette mythologie, avancer dans l'histoire, c'est s'éloigner de la pureté. La glorification de la pureté conduit alors à la glorification du passé, c'est-à-dire la nostalgie de l'enfance. On a la vision rousseauiste avec son gamin "né bon" et "perverti" par la société. On a la glorification de l'innocence et de la "sainteté" qui se nourrit souvent de la haine des "intellectuels", des savants et des sages. Ce comportement mental privilégie la spontanéité et l'élan du cœur dont le sens positif est démontré par opposition et relativement au travail de l'esprit et de l'intelligence.

 

Ils ont raison les amoureux de la "pureté" car ce sont les intellectuels qui détruisent le mythe. Ces salauds ont inventé le microscope à cause duquel on s'aperçoit que l'"onde pure" grouille de saloperies innommables, toutes petites mais nombreuses ! Ces salauds d'"intellos" détruisent le sacré et les tabous en les expliquant. Freud a montré que les enfants ne sont pas du tout innocents. Quant à Einstein et sa relativité, il a montré qu'on ne peut plus rien prendre au sérieux ! D'ailleurs, depuis que la terre n'est plus au centre du monde, on peut s'attendre à tout !

 

Les amoureux de la pureté ont besoin d'ennemis. Ils ont des "valeurs" à défendre, un monde à sauvegarder. Il leur faut des croisades. L'agressivité ainsi dirigée vers des ennemis bien catalogués, rétablit le narcissisme dans ses droits et privilèges. En avant les purs ! Nous sommes les purs, donc les meilleurs. Un type de ce genre là, un "amoureux" de la pureté, hurla un jour : "Meure l'intelligence !". Ce type là se nommait Millàn d'Astray. C'était un général de l'armée franquiste. Il combattit les républicains pendant la guerre civile espagnole, de 1936 à 1939. Il faisait partie de ceux qui se définissent comme des "croisés".

 

Ils vivaient le mythe des croisades. A leurs yeux, ils étaient investis d'une mission sacrée : défendre la civilisation chrétienne contre le péril rouge. C'est pourquoi en pénétrant à l'Université de Salamanque, Millàn d'Astray fusilla des professeurs en criant : "Muera la inteligencia". Il avait bien compris là où réside le problème du pouvoir. Si l'on parvient à se débarrasser de tous ceux qui réfléchissent par eux-mêmes et qui cherchent la vérité, le bon peuple restera tranquille et se contentera de la vérité officielle. Il sera heureux d'obéir à ses maîtres. Il sera pur.

 

(Le XXème siècle a été) riche en héros de cette espèce. Adolf Hitler s'est fait un nom en défendant une idéologie fondée sur (l'élimination de) la race aryenne … Franco, Hitler, Staline sont morts. Les défenseurs de la pureté, aujourd'hui, sont les intégristes de tous bords. Ils purgent bien et souvent haïssent convenablement tout ce qui est étranger à leur foi. Ce sont vraiment des purs et durs. Des vrais de vrais.

 

En langue militaire, on évite le mot "tuer". On dit de préférence "nettoyer". Dans l'armée, on aime la propreté. On se lave chaque jour, on balaie, on cire, on frotte. Le nettoyage du fusil, le nettoyage de la cour de la caserne et le nettoyage d'un village en territoire ennemi, c'est la même chose. On traque les impuretés. On ne devient pas amoureux de la pureté, digne de figurer dans la galerie des grands, du jour au lendemain. Il faut faire ses preuves. Il faut commencer par traquer l'impureté, c'est-à-dire pratiquer l'épuration, au niveau du langage.

 

Avant de tuer, il est utile de culpabiliser. L'épuration a besoin de consensus. La norme doit être fixée. Par qui ? Par l'usage ? Certes non. Surtout pas. L'usage est imprévisible, donc impur. Ce qui est pur est clair, et par conséquent fixé une fois pour toutes. Le pouvoir en a la responsabilité et en est le protecteur institutionnel. Aussi est-il normal que le pouvoir traque les mots étrangers dans notre belle langue française.

 

On a vu un ministre enlever la plaque "w.c." et poser à la place le mot français "toilettes". Ce ministre a défendu la langue française précisément là où on se débarrasse des saletés que l'on porte en soi. Endroit hautement stratégique. Il faut un mot français, ça fait plus propre …

 

Daniel Béresniak La Rose et le Compas - Montorgueil


Maj 19 10 09 - GA - L0
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  • : Propos maçonniques
  • : Puissent ces quelques propos témoigner de la permanence de la recherche d'une vérité fuyante et incertaine accaparée par ceux qui - prétendant la détenir - voudraient l'imposer, même par la tyrannie. Ce blog n'engage que ses auteurs. Il est dédié à tous les frères et soeurs - orphelins d'un projet maçonnique exigeant et cohérent - pour des lendemains à repenser, à rebâtir, à rêver.
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