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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 22:11
  

A la différence de la vision, le regard désigne l'attention que l'on attache à une personne ou à une chose, en portant sa vision sur elle. Du sculpteur, qui redevient celui qui regarde, au sidéen qui souffre plus du regard des autres que de la solitude, notre regard sur le handicap n'est-il pas trop souvent comme un brouillard froid et épais qui se glace en niant l'autre comme individu, le privant ainsi de sa légitimité. L'espoir résiderait sans doute dans cette injonction d'Albert Lantoine : "Tolérez non seulement que l'on ne pense pas comme vous, mais surtout que l'on ne vous ressemble pas".

 

Du bandeau de son audition qui lui a permis, plus que de répondre aux questions posées, de se regarder au fond du coeur en se parlant en quelque sorte à lui-même, en passant par le cabinet de réflexion - épreuve de descente en soi qui s'est traduite par une sorte de confrontation avec son double - et jusqu'aux épreuves rituelles de la cérémonie de réception, l’un des éléments fondamentaux et inexplicables de l'Initiation est qu'elle se vit essentiellement avec un regard tourné vers l'intérieur et que c'est sans doute pour cela qu'elle est inexplicable. Ne devrions-nous pas, en mémoire de notre réception et afin d'essayer d'y voir plus clair, conserver toujours à portée de la main le bandeau de notre initiation, symbole de l'aveuglement de la vie profane, de notre ambition, de notre orgueil, de nos passions ?

 

Certes, tout ce qui peut être appris ne mérite pas d'être su, mais la Lumière n'éclaire pas tous ceux à qui elle a été proposée. Et il faut nous regarder loyalement dans le miroir où se dissipent toutes nos illusions. L'Illumination de la loge est révélation de la lumière intérieure. Le vécu du rituel devient sentiment d'exister collectivement dans un espace-temps sacralisés. Les symboles maçonniques n'acquièrent un sens que si ils sont regardés avec les yeux de l'esprit. La pierre brute est le produit grossier de la nature que l'Art doit polir et transformer. Pour y parvenir, il est nécessaire de bien voir et donc de savoir bien regarder. Le regard ne pourrait-il pas alors devenir un "je ne sais quoi de subtil" inhérent à notre comportement. Vouloir être plus responsables de ce que nous sommes, est sans doute la condition de la Liberté de notre regard, de notre Egalité devant le regard des autres, de la Fraternité d'un regard plus tolérant, plus humaniste, plus charitable envers les autres, tous les autres ... des deux côtés de la porte du temple.

 

Le véritable sens du voyage, disait Charles Péguy, "ce n'est pas de découvrir d'autres paysages, mais bien de les regarder avec des yeux différents". Car l'apparent n'exclut pas le caché. Les hommes l'ont pressenti depuis toujours. Et les meilleurs d'entre eux - et les plus sages - ont compris que l'acte de voir ne se réduit pas seulement à ouvrir les yeux, mais qu'il nous oblige parfois à les fermer, afin de contempler l'être que nous sommes. De là sont nées deux langues différentes : celle du "visible" et celle de "l'invisible", celle des objets extérieurs et de leurs signes et celle du sujet intérieur et de ses symboles, celle des collectivités et celle des communautés, celle de l'Education et celle de l'Initiation.

 

Eusthènes, 4 juin 2010                              

            

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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 08:22
 
Le Masque

masqueLes revêtements du visage peuvent apparaître comme les premiers balbutiements d'un discours qui n'avoue pas encore sa réalité. Le masque primitif semble moins être un objet posé dans le social que créé dans la psychose et les pulsions. La Couronne se situerait dans une autre problématique en contribuant à la manifestation du moi et en substituant aux pulsions, la promotion du surmoi. Le Voile, enfin, interviendrait pour nier le moi, en le renvoyant à l'a-signifiance des individus, non concernés par le discours.

Avec sa bouche bée et ses yeux sans regard, le masque peut jouir, au cœur du système primitif, de significations différentes selon qu'il est le visage d'un esprit, d'un défunt, d'un animal, même si ces significations cachent un sens unique plus profond. Plusieurs mythes sur l'origine des masques rattachent la naissance ou la décou-verte du masque à la consommation ou à l'interdit de l'inceste. Cette fusion culturellement impossible d'un autre à l'autre est ainsi souvent présentée comme l'origine du masque. A de rares exceptions près, le masque est fabriqué, porté et interprété par les hommes. Il s'oppose par là aux phénomènes de possession, qui seraient plutôt féminins. Selon de nombreux mythes, les masques auraient été inventés par des femmes, à qui les hommes les auraient achetés, puis confisqués ou tout simplement  interdits.

Le masque jaillit du vide qui sépare le sujet de l'objet. Mais il prend, en sortant de ce vide, deux visages différents tout aussi figés l'un que l'autre dans la mort. Le premier de ces visages est d'ordre psychotique, comme s'il avait plongé dans le vide, à la recherche de l'autre, perdu et en revenait les yeux hagards et la bouche bée.
Le second visage du masque est celui du discours social qui ne plonge pas dans le vide, mais qui a peur. Voici que le corps se sent mal dans sa peau et cherche à se couvrir de la peau des autres ...
 
Le voile
 
Le voile intervient pour nier le moi et le renvoyer à l'a-signifiance des individus non concernés par le discours. (Celui à qui son corps n'appartient pas est un esclave). Le voilement des femmes, largement diffusé par l'Islam, est caractéristique du système primitif. La société occidentale n'a d'ailleurs abandonné que très récemment l'usage du voile de la mariée, du voile de deuil, ou celui de la voilette souvent substituée au voile. Dans la liturgie chrétienne, les femmes doivent porter un voile, alors que les hommes doivent rester découverts.

 

voile

 
Il ne s'agit donc pas du voile traditionnel des épouses ou des veuves. Car c'est bien la condition féminine elle-même qui est concernée. Et le voile de la religieuse, symbole de la mort au monde, se présente comme l'héritier du voile primitif, dont l'a-signifiance cache tout le possible de l'autre. Ainsi, les communautés chrétiennes construisent-elles leur identité sur l'a-signifiance de la femme. L'affirmation du discours masculin est ainsi obtenu par le renoncement de la femme à son propre discours. Et derrière le voile de l'a-signifiance, caution du silence féminin, le discours masculin cache son reflet, en l'occurrence le corps de la femme, en se préservant ainsi d'une douloureuse remise en question. Mais l'obsession du discours masculin doit être tenace, pour que, de nos jours, on impose encore le voile, miniaturisé en mouchoir, aux touristes féminines, qui moyennant cette soumission, ont ainsi le droit de circuler dans les basiliques italiennes.
 
Avec la disparition progressive du voile, c'est sans doute la ritualité de l'a-signifiance qui meurt peu à peu. En fait, ce n'est pas la femme qui se dévoile, c'est plutôt la société civilisée qui incorpore à son discours, les laissées pour compte du discours primitif. Cette obsession n'a toutefois pas encore totalement disparu de certaines sensibilités ni de certains discours maçonniques. La non reconnaissance des femmes par les loges pratiquant le Rite Ecossais Anciens et Accepté peut d'ailleurs apparaître d'autant plus déconcertante, que ces loges reçoivent dans leurs travaux, sans que cela semble leur poser problème, des frères affiliés à des obédiences mixtes et donc initiés par des femmes ! Au Grand Orient De France, l'initiation des femmes et leur participation aux fonctions électives de l'obédience, dans une société plus juste et plus éclairée, dont la franc-maçonnerie revendique la construction, se situerait désormais au niveau du simple bon sens.


Le miroir

 

L'émergence du moi


moiLe "stade du miroir", décrit par Freud et repris par Lacan, définit l'expérience par laquelle se consti-tue un sujet. Il représente le moment de l'acquisition d'un processus d'iden-tification de son propre corps. Mais cette expérience préfi-gure l'opposition du sujet et du moi. Dans le "stade du miroir", le moi se constitue en assumant l'image de lui-même qu'il ne trouve plus dans l'autre. Cette image lui est donnée par le miroir où il appré-hende la forme de son corps dans un mirage, image fictive qui constituera, par la suite, le fond, la trame, sur laquelle s'établira tout ce qui sera, pour le sujet, sa relation avec la réalité.

En appliquant la philosophie Hége-lienne à la psychanalyse, Lacan a démontré que pour se reconnaître, en tant qu'être humain, l'homme a besoin de se reconnaître dans un miroir. C'est ce qui donne une valeur symbolique au "stade du miroir" dans l'évolution psychique de chacun. Car il nous oblige à prendre conscience de notre diffé-rence avec l'autre, de nos propres limites ainsi que de la distinction entre ce qui est intérieur et extérieur, moi et autre. Qu'il soit jubilation de l'appropriation de l'image de son corps devant le miroir, selon Lacan, ou bien épreuve douloureuse, pour Dolto, de la découverte de la différence qui existe entre l'image que lui renvoie le miroir et ce qu'il est (ou voudrait être) réellement, le stade du miroir a bien une valeur décisive dans le développement de la personnalité.


L'autre, miroir de soi

 

L'accession à la conscience de soi est tributaire du contact avec un autre être conscient de lui-même. Car la conscience de soi ne peut naître sans l'image qui est renvoyée par le regard de l'autre. Elle ne relève pas du domaine du réel, mais du domaine du symbolique, car elle n'existe pas "en" et "par" soi, mais bien dans la relation à l'autre. Le regard va constituer un concept fondamental puisque c'est lui qui va permettre l'identification au semblable. L'image de mon corps passe par celle, que j'imagine dans le regard de l'autre, ce qui fait que ce regard touche à ce que j'ai de plus cher en moi, donc de plus narcissique. Ainsi, j'ai besoin de l'autre pour me reconnaître, car ce que l'autre veut voir en moi, dépend de ce qu'il accepte ou refuse d'y voir un autre lui-même.

La loge maçonnique est un miroir dans lequel chacun est "reconnu comme tel". Mais paradoxalement, ce miroir  montre à chacun ce qu'il est, ce qu'il ne veut pas être, ou même ce qu'il voudrait ne pas être. Dans le cabinet de réflexion, éclairé par une simple bougie, le candidat se trouve face à un miroir (et un crâne - autre miroir) porteurs de l'injonction : "regarde-toi tel que tu es" (et tel que tu seras). Et le second miroir, qui lui est présenté à la fin de la cérémonie de réception, dans la loge illuminée, lui renvoie successivement sa propre image, "émergence du moi", puis le regard de son parrain, "reconnaissance par l'autre", renouvelant ainsi, dans le processus de l'initiation maçonnique, l'expérience fondamentale du "stade du miroir".

 

Eusthènes, 7 mars 2010                    

 

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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 02:51

Voici un article de mon ami Candide ...alchimie2

"J’hésite à employer le terme "ésotérique", il est tellement galvaudé ! On en trouve partout, la moindre boîte d’allumettes est prétexte à mettre ses proportions en correspondance avec celles de la Grande Pyramide. Il est devenu, par la force des choses, l’apanage de petits groupes mystérieux qui vous initient, paraît-il, aux arcanes de mystères connus d’eux-seuls et qui sont, bien entendu, hautement ésotériques.


Il faut cependant l’aborder sans préjugés" ...


               

A  lire ... Ainsi que bien d'autres sur le blog de Candide ... 


          Les deux voies de la connaissance
                    Exotérisme : livre ouvert
                    Esotérisme : livre fermé
          Cathédrale Notre Dame de Paris
          Façade Ouest - Trumeau du Portail Central


Maj 12 12 09 *

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28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 08:18
1 - Des sensibilités très éloignées ... 

Spiritualité et matérialité - 

Les formules mathématiques sont "univoques". C'est à dire qu'elles n'ont qu'une seule signification. Celles du langage ou de la philosophie sont "équivoques" et peuvent en avoir plusieurs. Leur caractère "équivoque" est inhérent à la complexité de la vie. Complexité qu'il est impossible de réduire sans tuer l'essentiel, la substance inséparable de la matière et de l'esprit. "La substance infinie est indivisible", dit Spinoza. Il signifie par là ce qui est "en soi" et "cause de soi" : Dieu, si l'on y croit, ou la Nature, ou comme l'on voudra ... 

"Spiritualité" et "matérialité" s'opposent donc, mais la spiritualité ne peut être confondue ni avec le spiritualisme, ni a fortiori avec le spiritisme. L'adjectif spirituel s’applique lui aux champs de l’esprit : le champ religieux, constitué par un ensemble de croyances métaphysiques réunies au sein d’une foi personnelle, le champ moral, qui est une aspiration à être et à agir selon des valeurs qui dépassent les contraintes matérielles et relèvent d’un domaine que l’on définira comme "sacré", le champ social qui est principalement une qualité d'à propos (ou d'ironie) qui fait dire de quelqu'un qu’il est spirituel.

Toutes ces définitions ne sont pas étrangères à la démarche maçonnique, à condition toutefois de les recadrer dans le référentiel de la franc-maçonnerie. Le Grand Orient de France écarte toute spiritualité religieuse dogmatique comme contraire à la Constitution de l’Ordre. Le principe de la liberté absolue de conscience de la franc-maçonnerie libérale, qui n'interdit à personne de croire, interdit toutefois de faire de la croyance une obligation formelle. Cette position peut même se comprendre d’un point de vue purement théologique (de Boèce à Thomas d’Aquin) : "locus ab auctoritate est infirmissus" (l’argument d’autorité n'est pas recevable). Ainsi, toute véritable spiritualité commence avec la liberté de l’esprit capable de se construire par la raison et l'amour.

L'à propos, n’est pas absent en maçonnerie mais, l'humour, qui est une mise en cause de soi et respect de l’autre, y remplace l'ironie blessante et rejoint ainsi l'aspiration à être et à s’exprimer de façon morale dans le champ social.

Chacun sait bien ce qu'est une aspiration morale, sans toujours avoir des repères très précis sur les définitions du bien commun, de ses fondements, ses limites, ses exigences. Un accord sur ces repères permettrait de résoudre bien des questions sans réponses. Alors intervient l’exigence proprement spirituelle qui consiste simplement à vouloir poursuivre un travail dont on sait qu'il est une quête de l'inaccessible, sur laquelle les maçons s'interrogent et restent encore parfois divisés. Mais pourrait-il en être autrement ?

Si l’on dit par exemple, à propos de l'initiation maçonnique, qu'il existe une spiritualité traditionnelle qu'il convient d'étudier et de proposer, certains francs-maçons opposent que cela revient à se référer à un mythe passéiste et à un mysticisme ambigu. Pourtant les symboles maçonniques et les rituels sont là, non par hasard, mais bien pour inspirer une prise de conscience. Et l'inspiration des rituels (en dépit des différences formelles qui peuvent parfois exister entre eux) témoigne d'une ambition assez claire qui est celle de l'acquisition d’une sagesse, et d’une maîtrise de soi, même si ce fait reste contesté au sein même de la franc-maçonnerie.

Deux formes de pensée

Car la Franc-Maçonnerie, à travers ses diverses obédiences et les différents rites pratiqués par les Loges reflète des conceptions fort diverses et témoigne souvent de sensibilités très éloignées : approche religieuse de la destinée de l’homme et du sens de l’existence pour certains, morale laïque, non dogmatique pour d’autres.

Les travaux présentés en loge relèvent donc de deux formes de pensée. La première concerne les planches consacrées à l'étude des symboles. Celles-ci sont confiées en priorité aux apprentis et aux compagnons, afin de leur permettre une première approche de la spiritualité maçonnique. Elles sont généralement l'expression d'une réflexion personnelle et non, comme cela peut arriver parfois, une compilation de "copiés collés" provenant d'ouvrages "d'un ésotérisme daté" ou d'articles trouvés de façon récurrente à l'aide d'un moteur de recherche célèbre sur l'Internet. On ne récrira pas les causeries initiatiques de Plantagenet qui sont "de leur temps".

Mais des francs-maçons de tous grades s'expriment souvent sur les sujets symboliques, rendant ainsi possible la perception du "secret maçonnique". Car celui qui cherche à s’exprimer du fond de lui-même reçoit alors, dans la loge maçonnique, une écoute privilégiée qui permet des états de conscience incommunicables à l’extérieur. C'est pourquoi la publication de ces travaux ne peut être qu'un simple témoignage pour ceux qui sont eux-mêmes en recherche initiatique.

Pour celui qui entreprend cette démarche, il ne manque pas de textes remarquables dans de nombreux ouvrages dédiés à toutes les formes de recherche spirituelle : religieuse, philosophique, morale et même esthétique. Ces ouvrages, les francs-maçons les consultent pour progresser dans leur labyrinthe intérieur. Ils suivent en ce sens les maximes de l’introspection : la socratique inscrite au fronton du Temple de Delphes "connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux", ou l’alchimique symbolisée par les formules "V.I.T.R.I.O.L." que l'on trouve en entrant dans le cabinet de réflexion ou "I.N.R.I.", le second tétragramme initiatique que l'on découvrira plus tard; sous l'égide de la Rose.

Les rituels et outils symboliques proposés par la franc-maçonnerie deviennent alors des catalyseurs pour une recherche intérieure. Et une perception indicible du "tout autre", initie un nouveau commencement, ouvre un nouveau chemin, dont on prend de plus en plus clairement conscience et qui affecte ce qu'il y a de plus profond en chacun de nous : la connaissance de soi-même, celle des autres, celle du monde, et celle du sens possible de l’existence.

Les frères "pragmatiques" trouvent cette démarche un peu trop abstraite. Francs-maçons vigilants sur le respect des principes de liberté, d'égalité et de fraternité et de laïcité, ils n'ont guère de goût pour les rituels ou les symboles, qu'ils considèrent généralement comme un héritage désuet, encombrant, emphatique, parfois sectaire, surtout lorsqu’ils affichent trop clairement leurs références à telle ou telle tradition. Notamment celles du judaïsme et du christianisme, omniprésents dans nos symboles et nos rituels.

Mais leur tolérance leur permet de s'en accommoder par révérence à l'Histoire. La Loge leur permet alors de se retrouver, d'une façon discrète et fraternelle, entre "frères" qui se sont choisis, et qui peuvent alors échanger sur des sujets qu'ils considèrent plus urgents. Ces frères s'expriment sur un autre registre relatif à l'amélioration de la société, les découvertes scientifiques, les nouvelles technologies, la mondialisation et les mutations sociales qu'elle entraîne, sujets qui n'ont pas un spécifiquement un caractère symbolique.

Ces frères se réfèrent "à la lettre" de la Constitution du Grand Orient De France qui spécifie que "les conceptions métaphysiques relèvent du domaine exclusif de l'appréciation individuelle de ses membres". Ils en déduisent la vacuité de toute méditation sur les symboles, manifestement destinés, selon eux, à l'expression de conceptions métaphysiques de chacun.

Maj 12 12 09 *
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28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 08:06

2 – Une rencontre selon un désir réciproque - 

Symboles
 
Le premier des symboles maçonnique est le "Grand Architecte de l’Univers". C'est au Grand Orient De France que revient l'honneur d'avoir voté la suppression de la référen-ce obligatoire au Grand Architecte de l'Univers. La Franc-maçonnerie n'admet aucune limite à la recherche de la Vérité. Or imposer le déisme, c'est déjà mettre une limite à la recherche de cette Vérité.
 
L'obligation de la référence au Grand Architecte de l'Univers dans les travaux maçonniques a donc été supprimée au Convent de 1877. Depuis lors, le Grand Orient De France est excommunié par la Grande Loge d'Angleterre. Le Suprême Conseil (de la Grande Loge Nationale Française) est depuis lors le seul invité français à ses congrès internationaux, ce qui n'est plus aujourd'hui d'une grande importance. Mais cet acte libératoire du Grand Orient De France marque l'originalité de son action en le plaçant à la pointe du combat de la Franc-maçonnerie française en faveur de la liberté de penser.
 
Un autre symbole maçonnique important est le "Volume de la Loi Sacrée". L'un des critères majeurs de la régularité maçonnique est de travailler sous l'égide des trois grandes lumières de la franc-maçonnerie : équerre, compas et Volume de la Loi Sacrée.
 
A l'origine de la franc-maçonnerie - dans les Loges de Saint Jean - cette loi était symbolisée par le prologue de l'évangile de Jean enluminé sur un parchemin. Puis, il fut remplacé par la "règle aux vingt quatre divisions". Enfin, après l'invention de l'imprimerie, par la Bible, ouverte à la page du prologue de l'évangile de Jean ou au Premier chapitre du Livre des Rois, qui raconte la construction du Temple de Jérusalem par le roi Salomon. C'est sur les trois grandes lumières que le franc-maçon prête solennellement son "obligation", lors de son admission dans la franc-maçonnerie.
 
Le choix de la Bible présentait plusieurs avantages. A l'origine, il ancrait les références de la franc-maçonnerie dans une Tradition immémoriale, permettait de ne pas effaroucher les candidats, et pouvait accessoirement protéger les francs-maçons contre les persécutions.
 
Certains Rites ont conservé cette tradition. Le Grand Orient De France remplace la Bible par le livre de sa Constitution. Certaines loges ont adopté d'autres livres dont l'autorité morale ne peut être contestée (un impétrant de confession musulmane a prêté, dans une obédience chrétienne, son serment sur le Coran - posé sur la Bible, bien sûr …). Quelques loges font même le choix d’un livre dont les pages sont totalement blanches. Mais cette conception de la liberté absolue de conscience peut laisser pour certains, un champ quelque peu appauvri d'une méditation sur le vide en l’absence de toute référence.
 
Une rencontre selon un désir réciproque
 
Le débat sur la spiritualité maçonnique est en fait celui de l’initiation. La maçonnerie peut-elle prétendre avec des épreuves purement symboliques apporter au candidat une réelle initiation personnelle, au sens où peuvent le laisser entrevoir certaines traditions initiatiques africaines qui font réellement franchir aux adolescents, de façon très physique, angoissante et douloureuse, un cap existentiel ? Et les épreuves proposées au candidat franc-maçon sont-elles même réellement nécessaires à son "initiation maçonnique" ?
 
Le rituel de réception au premier degré du Grand Orient De France de 1887 comporte ce propos que le Vénérable adressait au nouveau frère à l'issue de la cérémonie de sa réception :
 
"Frère nouvellement initié, les formes que nous venons d'employer pour votre initiation diffèrent notablement de celles dont nous usions jadis et que vous pourrez encore voir employer dans certaines loges de France ou des pays étrangers. L'initiation se faisait fort simplement dans les loges françaises au dix-huitième siècle. On l'a beaucoup compliquée, au commencement du dix-neuvième, en y mêlant des particularités que l'on croyait empruntées aux initiations de l'ancienne Egypte …
 
On cherchait à éprouver le courage du récipiendaire par des moyens terrifiants … On lui demandait de se soumettre à l'application d'un fer rouge. On réclamait de lui une obligation écrite et signée de son sang. Parfois, on le soumettait à des épreuves plus pénibles encore et plus effrayantes …
 
Vous ne devrez donc pas vous étonner, s'il vous arrive de vous trouver en présence de quelque pratique de ce genre. Vous n'en serez pas troublé, non plus, sachant que le progrès est lent et que l'évolution humaine est complexe".
 
Cent vingt ans plus tard, on peut constater combien ce propos reste d'une étonnante actualité …
 
En réalité, ce n'est pas le fait d’avoir surmonté les "épreuves" de la cérémonie de réception qui fait qu'un profane devient franc-maçon, mais bien la rencontre préalable entre une volonté personnelle d'entreprendre une démarche initiatique et le vote favorable d'une loge en faveur du candidat. A travers une cooptation se manifeste ainsi l’acte fondateur de toute démarche spirituelle : une rencontre selon un désir réciproque.
 
Les rites maçonniques ne sont pas destinés à être des "rites de passage". L’initiation maçonnique propose d’inclure celui le désire réellement, par le silence intérieur et l’écoute des autres, dans une sorte de colloque conduit de façon rituelle, continue et discrète. Une fraternité aussi forte que possible permet d’y développer et d'y construire des échanges entre des personnes qui, sans elle, ne se seraient jamais rencontrées et n'auraient pu ainsi appréhender leurs propres préjugés. Ces "rencontres maçonniques" s’inscrivent dans la longue tradition des entreprises initiatiques collectives. Devenir par soi-même source de réflexion.
 
On trouve une admirable illustration symbolique de cette tradition dans le Mantic Uttaïr "Le Colloque des oiseaux", écrit par le persan Attar. On peut y observer que les trente oiseaux qui, selon Attar, débattent ensemble puis partent, à la recherche du fabuleux Simorg, constituent l’effectif idéal d’une loge. La recherche est à la fois collective et individuelle. Et toute réunion pour un véritable échange de parole est véritablement fondatrice d’une démarche spirituelle personnelle. Le travail en loge se justifie à la fois du point de vue pragmatique quant aux sujets de réflexion traités, mais également du point de vue initiatique, pour que chacun ou chacune puisse se découvrir "inscrit dans une chaîne d'union".
 
Dans cette chaîne, la parole qui circule librement, est comprise selon les multiples résonances qu’elle provoque nécessairement pour les participants et en soi-même. Résonances qui peuvent être aussi bien harmoniques que dissonantes et qui s’achèvent rarement dans un parfait silence. Elles génèrent des ondes qui vont se réfléchir, revenir, poser question, même sur les sujets les plus pragmatiques, les moins métaphysiques.

Prendre conscience de cette réalité permet alors aux frères de toutes les sensibilités de s'exprimer initiatiquement en loge. L’important est qu’ils parlent de ce qu’ils ont "dans le cœur". Ainsi, pourront-ils se "donner lieu" de devenir, par eux-mêmes, source de réflexion.
 
Un enjeu initiatique personnel
 
On peut alors dégager deux niveaux de "synthèses" des travaux en loge. Le premier niveau, notamment sur les "questions renvoyées à l’étude des loges", tend à des compromis laborieux entre des sensibilités souvent très diverses ou des tendances que séparent parfois à peine "quelques nuances de formulations". Il en résulte souvent des productions intellectuelles qui n'ont rien de transcendant et dont l'indifférence générale les condamne rapidement à un oubli définitif. Les "Cahiers de la Liberté" rédigés à l'occasion de la commémoration du Bicentenaire de la Révolution de 1789 en sont un exemple convainquant.
 
Le travail en loge sert davantage à accomplir le second niveau de synthèse, celui qui s’effectue en chaque maçon et ne peut se communiquer qu’au delà des mots. C’est en cela que s’effectue la transmission du "secret maçonnique", dans un rassemblement entre des personnes "libres et de bonnes mœurs" où chacun a conscience d’un devoir personnel, dans l’exercice de l’échange de la parole et de la recherche du premier niveau de synthèse, celui des mots.
 
L’enjeu du second niveau de synthèse, initiatique et purement personnel, est l’unité instantanée avec soi-même en même temps qu'il permet d'exprimer l’échange et l’égalité avec l’autre. Acceptation de sa différence avec l’autre sans peur d’être soi-même différent ou menacé. Unité et réalité d'une double réconciliation, extérieure et intérieure. Double, et obligatoirement provisoire, comme tout geste de la vie et toute rencontre.
 
C'est en cela que la franc-maçonnerie libérale peut proposer une véritable spiritualité à partir de ses réflexions sur les questions sociales et morales. Spiritualité qui va se montrer selon une conception étendue du devoir qui s'impose à chacun, du seul fait d’être capable de parole et d’échange. Spiritualité dont on peut dire qu'elle est à l’égal de celle des religions, qu’elle est "religieuse" non pas au sens "clérical" du terme, mais au sens "étymologique". Par le lien qu’elle crée tant avec l’autre qu’avec soi-même, lien et dialogue impliquant un travail persévérant, passant par le doute et le détachement de toute certitude trop bien "ancrée". Travail à la mesure de ce principe selon lequel nul n'est initié que par lui-même.
 
A condition d'apprendre à écouter les autres et surtout à les aimer "comme ils sont", selon la formule de Jonathan Livingston à Fletcher le Goéland : "Ne les juge pas trop sévèrement. En te rejetant, les autres goélands n’ont fait de tort qu’à eux-mêmes et un jour ils le comprendront … Pardonne-leur et aide-les à y parvenir" -  Richard Bach – Jonathan Livingston le goéland.


Maj 12 12 09 *

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19 novembre 2008 3 19 /11 /novembre /2008 05:12

cartes

 

Les Cartes

 

     Du Tarot de Charles VI      

C01RIl existe plusieurs sortes de tarots : tout d’abord, ceux qui servent à jouer aux cartes et qui sont les plus connus. Et puis ceux qui servent à tirer les cartes : Tarots divinatoires, comme celui d’Eittella, Tarots géomanciques, qui interprètent les figures issues du hasard, Tarots Chiromanciques, qui prédisent l’avenir par l’inspection des mains. Jérôme Bosh, lui-même a dessiné un jeu de tarot ou du moins lui en attribue-t-on un.

 

Il existe encore biens d’autres tarots, Tarots Egyptien, des Bohémiens, De Rider Waite, de Crowley, Alchimique, De Dali, de la Sibylle, et bien sur un Tarot maçonnique. Mais le plus connu de tous est le Tarot "dit" de Marseille, dérivé du jeu de Tarots de Charles VI, qui présente une série de figures allégoriques. Une date : 1760 - celle du Tarot de Marseille qui fait référence et qui est conservé à la Bibliothèque Nationale. Le Tarot de Marseille est constitué de 78 lames (ainsi nomme-t-on les cartes du Tarot). Ces lames se répartissent en deux groupes : vingt-deux atouts ou arcanes majeurs et cinquante six arcanes mineurs répartis en quatre groupes : Bâtons, Coupes, Deniers et Epées.

Chaque groupe compte 14 cartes : dix cartes de points (de l’As au Dix) et quatre figures (Roi, Dame, Cavalier et Valet). Les Bâtons, devenus les Trèfles de nos jeux modernes, symbolisent le Feu. Les Coupes, devenues les Cœurs, symbolisent l’Eau.  Les Deniers, devenus les Carreaux, symbolisent la Terre. Les Epées enfin, devenues les Piques, symbolisent l’Air… Les arcanes mineurs se réfèrent donc aux quatre éléments, aux quatre composantes fondamentales de la vie et au quaternaire du monde manifesté. Ainsi, jeu de cartes des plus anciens, le tarot met en œuvre un monde de symboles. Et comme dans le nom même de Tarot, il reste toujours, dans ces images quelque chose qui nous échappe.

 

Histoire

 

C’est en Italie du Nord qu’il faut aller chercher les premières manifestations du Tarot. Les couleurs retenues sont, en général, celles des jeux italiens : Coupes, Epées, Bâtons et Deniers avec quatre têtes : Roi, Dame, Cavalier, Valet. De plus, vingt deux cartes spéciales, que les Italiens qualifient de "Triomphi" (Triomphes), forment pratiquement une cinquième couleur. C’est en 1442, à Ferrare, qu’est mentionné pour la première fois le jeu de "Carte da Triomphi" - (Cartes des Triomphes). C’est notamment pourquoi il est très vraisemblable de penser que le Tarot pourrait avoir été inventé dans les Cours princières de l’Italie du Nord, notamment celles de Milan ou de Ferrare. Le goût des fêtes somptueuses et des processions carnavalesques, les références littéraires à Pétrarque et à son recueil de poèmes "I Triomphi" permettent en effet de penser que c’est bien dans cet environnement, qu’a pu naître la série des Triomphes et l’on a pu définir et localiser trois traditions distinctes.


      Au Tarot d'Oswald Wirth      

01RROn pouvait bien se douter que les appellations Tarot de Venise, de Marseille ou de Besançon avaient un caractère artificiel. A cette classification dépassée, on peut substituer une répartition fondée sur le nombre et l’ordre des allégories dans la série des atouts. Milan, Bologne et Ferrare en seraient les foyers. La tradition Milanaise survit dans le Tarot de Marseille, la tradition Bolognaise se perpétue dans le Minchiate à quatre vingt dix sept cartes tandis que la tradition Ferraraise a pratiquement disparu. Mais les aventures du Tarot ne devaient pas s’arrêter là. Ainsi, quand le jeu se répandit dans l’Empire Germanique, l’aspect étrange de ces Tarots italiens, dut choquer le rationalisme des joueurs, car les cartiers d’outre-Rhin substituèrent aux couleurs d’origine, celles des cartes françaises : piques, carreaux, cœurs et trèfles, et ils remplacèrent ces atouts inquiétants par des sujets plus simples que les joueurs d’aujourd’hui connaissent bien. 

 

C’est à la fin du XVIIIème siècle, que Court de Gebelin, pasteur protestant et franc-maçon, crut découvrir dans les atouts du Tarot les images d’un livre secret venu des anciens égyptiens et que prit naissance, en France, une tradition ésotérique, aujourd’hui très largement diffusée. Ces rêveries ne devaient pas rester lettre morte, car deux ans plus tard, un cartomancien du nom d’Etteilla proposait sa méthode de divination par le Tarot et inventait un jeu de soixante dix huit cartes, dont on trouve encore de nos jours des exemplaires dérivés du modèle "dit" égyptien dont il est le créateur. Un autre personnage, Alphonse Louis Constant, plus connu sous le nom d’Eliphas Levi, publia en 1856 le Dogme et Rituel de la Haute Magie et ce livre fut le départ d’un nouveau courant d’interprétation plus franchement tournée vers l’occultisme. Selon Eliphas Levi, le Tarot recèle un secret qu’il lui appartenait de révéler en évoquant la Kabbale, Hermès Trismégiste, l’alchimie, l’astrologie, et tutti quanti … Ce nouveau courant de pensée atteint son apogée dans les dernières années du XIXème siècle avec les figures de Stanislas de Guaïta et Gérard d’Encausse, dit Papus, auteur du Tarot des bohémiens en 1889.

 

C’est à Oswald Wirth que l’on doit la première tentative pour concevoir et éditer un Tarot spécifiquement ésotérique. Il dessina, en 1889 une série de vingt deux cartes, fortement inspirées du Tarot de Marseille. Ainsi, d’un symbolisme perdu, celui des Triomphi milanais originels, les occultistes modernes ont tiré une nouvelle inter-prétation nourrie de l’égyptomanie de la fin du XVIIIème siècle et de l’influence de l’alchimie, désormais cantonnée dans le champ de l’indicible. Une nouvelle tradition s’instaurait et venait se greffer sur un jeu qui ne demandait que cela. Alors, si les théories des occultistes font fi de l’histoire, leur force est d’avoir inventé un univers de légende qui continue d’alimenter notre imaginaire …

 

 

Visage

Source de l'image http://membres.multimania.fr/tarotmarseille/

 

 

Légende

 

Un Roi appela un jour ses sept conseillers en art divinatoire et il leur dit : Mon fils compte vingt et un printemps au coucher du soleil. Né Bateleur, avec tous les pouvoirs que lui confèrent sa naissance, il a acquis Force, Sagesse et a su faire la part des choses, il est devenu cette figure ambiguë et sage qui tire leçon de tous les enseignements, il est aussi Le Fou … Pour immortaliser sa quête, j’ai décidé d’exalter l’itinéraire qui lui sert de modèle, en assignant à chacun de ses printemps, une figure correspondante. Il se trouve que le jeu en comporte vingt deux, dont l’une est sans chiffre et l’autre sans nom. C’est donc une de trop, qu’il vous appartiendra, après un choix judicieux et sage, d’éliminer de la mémoire des hommes.

 

Les sept sages frémirent à l’idée de rompre le parfait équilibre… Mais devant les menaces du Roi, ils s’exécutèrent. Et l’aube les trouva penchés sur des grimoires, déchiffrant les vingt deux images, afin de décider celle dont la disparition causerait le moins de mal. Le matin, dans la salle du trône, le premier des sept sages se résigna à faire disparaître le Pape. Le Roi lui fit trancher la langue et il perdit l’usage de la parole. Le second sage, plus habile, proposa de supprimer la Force, car on retrouve ses valeurs dans l’Empereur et dans la Tempérance. Mais le hasard fit qu’il fut déchiré le soir même par une bête féroce. Le troisième sage proposa d’éliminer la Roue de Fortune qui devint sur-le-champ l’objet de son supplice. Le quatrième sage, qui avait proposé de supprimer l’Etoile car, disait-il, elle est déjà dans la Lune, perdit sa route. Le cinquième devint stupide, pour avoir supprimé l’Impératrice. Et le sixième fut exilé pour n’avoir rien proposé du tout.

 

Vint alors le septième sage qui était aveugle et qui dit : Majesté, celui qui te parle n’a jamais vu le Soleil. Il ne le connaît que par oui dire. Mais il a pour lui la lumière intérieure. La lumière brille où elle veut… Supprime le Soleil. Ainsi fut fait et les ténèbres ne s’accomplirent pas. Cependant, au moment où le Roi posait sur la tête de son fils la lourde couronne de rayons, un halo de lumière blanche l’aveugla et il perdit la vue. Ainsi, pour avoir mésestimé l’image solaire, il subit le châtiment le plus terrible, non pas les ténèbres, mais l’éblouissement. Cruelle ironie, la folie s’en prit à son fils et l’image du Fou clôtura ce parcours royal. Quant au septième sage, certains pensent qu’il s’est confondu avec l’image du Diable et qu’il y aurait certaines leçons à en tirer.


Maj 29 01 2011 *

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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 15:18
On ne dit rien d'essentiel sur la cathédrale, si on ne parle que des pierres.

A voir   Un site remarquable sur la cathédrale de Chartres

                                


Un livre de pierre et de lumière -


L'ère romane se termine. On croit encore à la fin du monde. Mais la grande peur de l'An mille passée, le siècle de saint Louis s'ouvre plein de promesses. Entre 1170 et 1270 on édifie en France environ cinq cents grandes églises gothiques et l'art du vitrail, auquel ce style d'architecture offre, dès 1140, un inégalable champ d'expression, atteint son apogée un demi-siècle plus tard. A cette époque les livres sont rares. Ce sont des manuscrits que seuls possèdent les rois, les chapitres, les couvents. Les livres d'heures sont la propriété des riches. Aussi, le nombre des illettrés est-il considérable. L'enseignement populaire est purement oral et le Peuple ne dispose que de ce livre, pour lui sculpté dans la pierre. Ces chaos de sculptures et de vitraux qui peuvent sembler de prime abord issus d'imaginations aussi débridées qu'inco-hérentes ne sont toutefois pas le fruit du hasard. Ils attestent au contraire d'une création de génie par un esprit raisonné procédant avec toute la logique et la méthode du Moyen Age et de la réalisation, suivant un programme univer-sellement admis, d'une œuvre d'éducation par l'image exprimant toutes les connaissances, toutes les idées, toute la poésie d'une époque.

Chartres - Porche Nord - Saint Jean-Baptiste au couchant du solstice d'été.

 

Pendant plus de deux siècles et jusqu'à l'avènement de l'imprimerie, ces portails, ces porches, ces jubés, ces verrières et ces roses, seront le seul ouvrage ouvert aux humbles. Cessant ensuite d'être compris, tous ces symboles n'intéresseront pratiquement plus personne et seront désormais considérés comme une décoration artistique, sans signification pour le Peuple, à l'intention de qui ils furent jadis créés. Ce jour-là, dit Victor Hugo, "le soleil gothique se couche derrière la presse gigantesque de Mayence".

 Un livre de pierre et de lumière


"Ce que les illettrés ne peuvent saisir par l'écriture leur doit être enseigné par la peinture et la sculpture" avaient décrété, dès le XIème siècle, les membres du synode d'Arras. De là ce nouvel essor de l'art sacré qui devait atteindre son apogée à la fin du XIIIème siècle. Toutefois, l'initiative individuelle s'exprimait dans le cadre d'un programme strictement imposé par les maîtres d'œuvre. Chaque statue, chaque personnage, par leur place, leurs proportions et à l'origine leurs couleurs, n'avaient pour but un quelconque désir de plaire. Chaque figure avait sa signification propre et était en même temps une évocation. Elle témoignait d'une connaissance qu'elle était chargée de transmettre, elle enseignait …

Dans l'esprit des auteurs des cathédrales, quiconque devait pouvoir lire sans effort les histoires et les légendes en reconnaissant - aux attributs distinctifs qui étaient toujours placés auprès d'eux - chacun des personnages sculptés sur les façades ou peints sur les vitraux. D'où cette coutume et cette méthode de représenter de la même manière et selon la même distribution, les mêmes sujets d'un bout à l'autre de la France. Amiens, Chartres, Arles et Reims présentent, à quelques détails près, une étrange analogie de facture et toutes leurs statues, dont la forme peut légèrement varier dans le détail, sont profondément semblables. Partout on retrouve les scènes principales de l'Ancien et du Nouveau Testament ainsi que les vertus et les faiblesses de l'homme. Les faits historiques, les connaissances géographiques, les idées et les mystères exprimés par des légendes, des récits de voyages et des symboles, font des portails et des fenêtres des cathédrales tout à la fois les feuillets d'une Bible, d'un livre d'histoire et d'un livre de morale. Il y a là, devenue visible, toute la pensée du Moyen Age, à laquelle il ne manque rien d'essentiel et qui constitue, écrite dans la pierre et le vitrail, une véritable encyclopédie dont les pages, toujours ouvertes, peuvent être lues par tous.

Un livre de symboles

Ainsi, pendant des siècles, des hommes ont sculpté la pierre, taillé le bois, fondu les vitraux de centaines d'églises et de cathédrales, en y sacrifiant parfois leur vie entière, dans l'anonymat le plus absolu. Est-il réellement possible de concevoir qu'ils aient accompli un travail aussi gigantesque pour nous transmettre quelque légende issue d'une mythologie futile ? Ou bien, quel enseignement capital, quel message fondamental ont-ils voulu nous léguer ? En fait, dès que se manifeste le contact avec "l'Inconnu" par excellence, l'homme qui désire témoigner d'une réalité qu'il ne peut nier, mais dont il ne peut rien affirmer de contingent, se trouve dans l'obligation de la voiler par des symboles qui, à leur tour, couvrent autant qu'ils découvrent ce qu'ils doivent transmettre. Le symbole est d'ailleurs d'autant plus riche qu'il est insaisissable et par son ambivalence naturelle, il échappe aux critères habituels de notre analyse scientifique, rationnelle et logique.

Car le symbolisme n'est pas une doctrine ni une méthode. Il constitue plutôt une certaine manière de "voir" et de "savoir". Il est essentiel d'en être convaincu pour parvenir à en pénétrer l'essence. Sans en discerner le sens profond, les Francs-Maçons restent cependant épris de la profonde cohésion du monde symbolique. Ils perçoivent d'instinct, qu'il s'agit bien moins de classer des notions et d'étiqueter des personnages que de s'engager, à la suite des maîtres d'œuvre d'autrefois, dans une véritable aventure personnelle et vivante qui, en renouvelant le regard intérieur, transfigure la vision de l'Homme. Il faut savoir lire ce livre et faire son choix, c'est dire ses pouvoirs et sa richesse.

 

 

 Article publié dans HUMANISME N° 131-132 
Septembre - Octobre 1979 – pp. 55-57 

 

  Lire la suite de l'article

 

 

 MAJ 20 11 2010 

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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 15:26
Une invitation au voyage -  

 A voir   Un site remarquable sur la cathédrale de Chartres

                           

 
Au XIIIème siècle, dit Louis Gillet, la cathédrale toute entière devient un immense bas-relief, une prodi-gieuse cristallisation d'idées, une construction morale aussi liée et aussi logique que son architec-ture. On dirait une de ces montagnes d'Egypte couvertes de signes sacrés, où la matière devient esprit et l'on ne peut douter, en un sens, qu'elle ne soit un immense hiéroglyphe, un rébus, un mystère.

On ne peut songer à analyser ici dans le détail les statues et les vitraux, ni à décrire les personnages en distinguant les époques et les talents, mais il y a là, on l'a dit, un véritable miroir du monde. De la Genè-se au Jugement Dernier, il y a là toute l'histoire depuis le premier jour jusqu'à la fin des temps, la création, les patriarches, les prophètes, les rois, toute la Bible.

 

Chartres - Porche Nord - Sainte Anne au trumeau du Portail Central.

Il y a la naissance de Jésus, son enfance, sa vie sur la terre, ses miracles, sa passion et l'espérance du matin de Pâques. Il y a les apôtres, les saints, les martyrs, les vierges, l'église, la légende. 
Toutes les grandes cathédrales possèdent un calendrier de pierre. Paris, Amiens, Reims ont, comme Chartres inscrits dans leurs portails et leurs vitraux les signes du zodiaque associés aux travaux des mois. Il y a là le cours des astres et des saisons, les occupations de la terre, l'horloge de la vie et, associé aux symbolismes opposés mais complémentaires du ciel et de la terre, le troisième élément de la triade universelle : l'Homme véritable, en tant que fils du ciel et de la terre, et l'Homme transcendant, le Roi du monde, en tant que médiateur entre le ciel et la terre. Il y a là le bien et le mal, les vertus et les vices et, parmi ce que l'on a coutume d'appeler "les béatitudes", les trois piliers du Temple : la Sagesse, la Force et la Beauté. Il y a là le tableau des sciences, l'échelle des arts libéraux et des connaissances humaines, l'Agriculture personnifiée par Adam, la Métallurgie figurée par Tubal-Caïn et, la Magie représentée par un personnage qui terrasse un dragon ailé, symbole de la pierre philosophale qui change en or tous les métaux. 

Il y a là l'homme tout entier avec sa vie de tous les jours, ses joies, ses peines, ses travaux, ses études, le drame de ses origines et celui de sa fin, le mystère de la vie et celui de la mort. Il y a là l'épopée gigantesque de l'aventure humaine. Il nous faut retrouver le secret du langage perdu dans l'harmonieux dédale de cet univers transparent d'idées et de symboles, car tout ce qui s'est inscrit dans l'âme humaine y demeure à jamais, transformé mais non aboli.

Une invitation au voyage

Bien au-delà des fanatismes dogmatiques et des délires ésotériques d'une littérature dont l'hermétisme, qui se veut de vulgarisation, reste trop souvent d'une navrante vulgarité, l'Art Sacré constitue pour nous tous une authentique "invitation au voyage" - invitation patiente et renouvelée dans le silence - chacun restant libre de partir s'il le veut et quand il le voudra. Le véritable sens du voyage, disait Charles Péguy, "ce n'est pas de découvrir d'autres paysages, mais bien de les regarder avec des yeux différents". Car l'apparent n'exclut pas le caché. Les hommes l'ont pressenti depuis toujours. Et les meilleurs d'entre eux - et les plus sages - ont compris que l'acte de voir ne se réduit pas seulement à ouvrir les yeux, mais qu'il nous oblige parfois à les fermer, afin de contempler l'être que nous sommes. De là sont nées deux langues différentes : celle du "visible" et celle de "l'invisible", celle des objets extérieurs et de leurs signes et celle du sujet intérieur et de ses symboles, celle des collectivités et celle des communautés, celle de l'Education et celle de l'Initiation.

A l'heure où notre civilisation chavire dans les naufrages des boat people, dans les génocides aux portes de notre continent et dans le martyre de l'enfance assassinée, je vous convie tous devant ce "livre de pierre", afin que l'on ne dise pas devant ce Livre "que Jésus est né et puis qu'il est mort et que tout a recommencé ensuite comme auparavant. Mais au contraire, que Jésus est né, qu'il est né hier, qu'il naîtra demain, qu'il sauvera le monde et qu'il y aura espérance pour nos enfants qu'ils dépassent l'âge de trente trois ans. C'est - dit Alain - l'âge où l'Homme-Dieu est tout à fait un Homme" …

 


Article publié dans HUMANISME N° 131-132

Septembre - Octobre 1979 – pp. 55-57

 


MAJ 20 11 2010

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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 12:06

"La pierre qu'avaient rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle" -
 Psaume 118 verset 22 -

Apprenti02L'impétrant qui frappe à la porte soumet avec humilité son "œuvre" aux Grands Gardiens du temple comme preuve de sa qualification. Cette "œuvre", c'est une pierre taillée, image de lui-même, projection minérale de son entité invisible, perçue en géométrie. Les Grands Gardiens examinent cette pierre, la jugent selon les normes du savoir dont ils sont les dépositaires. Finalement, ils décident de la rejeter. Elle n'est pas conforme. Elle n'a pas sa place dans l'édifice en construction. Elle doit être mise au rebut.

Humblement, l'auteur de cette pierre refusée n'oppose que son silence au mépris et aux critiques pontifiantes. Il a perturbé la réunion des architectes. Il est rejeté. Mais, au moment précis où il va être reconduit dehors, l'arrivée du Maître Architecte est annoncée. Il n'est plus temps d'ouvrir la porte pour chasser l'intrus qui est donc provisoirement caché parmi les rebuts du chantier. L'assemblée fait entrer, avec les honneurs dus à son rang, le Maître Architecte, qui annonce que la construction de l'édifice touche à sa fin et demande où se trouve la pierre d'angle. Après avoir écouté le silence embarrassé de l'assemblée, le Maître Architecte annonce aux Grands Gardiens que cette pierre existe et qu'il convient donc de la retrouver. Tous cherchent et ne trouvent pas. Alors, le Maître Architecte se dirige vers les rebuts, là où personne n'a été chercher. Il découvre la pierre d'angle parmi le tas de pierres rejetées.

Il l'examine et la juge parfaite. Cette pierre, dit-il, est celle qui conclura heureusement l'édifice ; c'est elle qu'il attendait et à laquelle il songeait depuis le début de la construction. Différente des autres, c'est par elle que les autres tiendront et c'est pour elle que les autres furent taillées. Comment est-il possible qu'elle ait été rejetée ? La construction a duré très longtemps. Les bâtisseurs ont perdu de vue le sens et la finalité de leur travail. Ils se sont installés dans leurs habitudes. La répétition de leurs gestes les a mentalement rétrécis : ils ont confondu la fin et les moyens, ils ont oublié l'essentiel, ils ont érigé en normes absolues les normes relatives aux phases transitoires. Erreur fondamentale, voilà la lourde faute contre l'esprit dont les Grands Gardiens se sont rendus coupables. Comment peut-on bâtir, demande le Maître Architecte, si l'on projette le présent dans le futur, si l'on est incapable de concevoir autre chose que ce qui existe déjà ? Après avoir exprimé à l'assemblée sa juste réprobation, il demande où est l'auteur de la pierre si longtemps attendue. Les Grands Gardiens vont alors humblement chercher celui qu'ils avaient caché dans les rebuts.

Le Maître Architecte le félicite et lui remet son maillet, signe d'autorité, qui ne peut être confié qu'au détenteur d'un véritable savoir-faire, sous peine de désordres préjudiciables à l'édifice. "Tu conduiras la phase la plus délicate de la construction, lui dit le Maître Architecte, car tu es le mieux qualifié pour le faire, parce que tu es l'auteur de la pierre unique, la pierre d'angle. Tu es ici le plus digne de me succéder, pour concevoir le plan d'un autre édifice, plus grand et encore plus beau que celui-ci" ...

Lorsqu'un profane est entendu sous le bandeau et que chacun se trouve en situation d'exercer son pouvoir discrétionnaire sur un candidat qui demande son admission parmi nous, il m'arrive de penser intérieurement : "Ecoute cet homme qui est venu frapper à la porte, essaie de le comprendre, car si tu fermes la porte à ses erreurs, la vérité risque de rester dehors" ...

                                                                                                      Sources - La Franc-Maçonnerie de Marque -


La pierre n'a point d'autre espoir d'être autre chose que pierre ... Mais de collaborer, elle s'assemble et devient Temple ...

 

Lire La Pierre des maçons d'autrefois sur le site d'Alma Universelle


Maj 19 10 09 - GA - L0

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3 septembre 2008 3 03 /09 /septembre /2008 08:46

                           Les Mystères d’Eleusis (Rite initiatique).

1 - Le mythe - Déméter et Coré -

Dans une première approche, le mythe de Déméter et Coré apparaît simple à lire. Coré rejoint son époux au royaume des morts et c'est l'Hiver. Coré rejoint sa mère, dans le monde vivant et c'est l'Eté … Déméter, dans son désespoir de perdre sa fille, l'hiver retient la Vie. Déméter, dans la joie de retrouver Coré, l'été rend la Terre à nouveau féconde et les blés mûrissent … Ainsi explicité par le mythe, le cycle des Saisons alterne tristesse et joie, de la mort à la vie jusqu'à la mort en espérance de vie.

Première approche, où l'on voit aisément que dans la douleur de la mort on met de l'espérance … Coré morte revivra et sa résurrection libère la vie … Morte certes et l'hiver porte le deuil. Mais vivante dans la mort, elle fera ressurgir l'été et ses moissons … Morte bien sûr, mais porteuse de vie, de l'espérance de vie. Parce qu'on met les morts en terre, la Terre s'ouvre et absorbe la jeune fille pour le royaume des morts. Coré crie, certes, mais personne ne peut rien contre l'inéluctable… Pas même sa mère Déméter l'égale de Zeus.

Coré crie, certes, mais Hadès l'emmène pour la passion et la voilà morte pour les vivants … Mais au Royaume des Morts, elle règne … Donc elle est vivante : elle est sur la couche d'Hadès, respectée. Elle règne sur les morts, reine des morts. Elle n'a pas disparu puisqu'on la retrouve. Elle vit dans la mort … II y aurait donc une vie dans la mort ?

Et l'on voit bien, dans nos climats tempérés, que dans la mort apparente de l'hiver les germes de vie, dans la terre, préparent la renaissance du printemps … la résurrection. Et que si les sèves stagnent, les bourgeons se forment, en attente. Et gardent l'Espoir. Dans la terre disparaît la graine, mais de la terre jaillit le germe de vie, porteur de l'espérance …

Et tout à coup, apparaissent des Lois : certes les dieux sont fantasques, avec leurs passions et leurs volontés folles qui s'imposent au monde des hommes … Mais il y a des Lois que la volonté des dieux ne sait transgresser. Puisque Coré a mangé un pépin de grenade, elle restera inéluctablement liée au royaume des morts et à son époux Hadès. Elle a mangé le pépin de grenade : le mariage est donc indissoluble même contre la volonté des dieux. Hadès sait bien que ni Zeus ni Déméter n'y pourront rien. II y a l'Inéluctable à quoi les dieux eux-mêmes se soumettent. II y a des Lois … Le monde est régi par des Lois …

Première approche encore, le mythe semble lisible. La nuit Déméter, la nourrice, cache l'enfant dans le feu, dans une braise ardente … Forgé ainsi au feu, l'enfant deviendra immortel. Il aurait la vie éternelle, échappant à la vieillesse et à la mort. Le feu source de vie, garant de vie … Déméter, la déesse de la vie et de la fécondité, révèle le secret des dieux immortels. Par le feu, la vie triomphe de la mort …

Souvenons-nous : d'aucuns disent ailleurs : "C'est par le feu que la nature se régénère" (Igne Natura Renovatur Integra ou INRI). Mais aussi la déesse soufflait doucement sur l'enfant. Par le souffle, elle donne la vie et l'enfant grandit sans prendre le sein, ni aucune nourriture … Par le souffle seulement, il se nourrit de l'air que ventile la nourrice.

Autre secret : le Souffle. L'air source de vie … La Terre, le Feu, L'Air … Et voici la faute, La Faute … Parce que l'Homme n'a pas su avoir confiance, n'a pas fait confiance au dieu … Parce que l'Homme ne sait pas voir son Destin, son heur et son malheur, il commet "la faute la plus grave" qui l'exclut du monde des dieux, lui interdit l'immortalité, le ramène à la vieillesse et à la mort inéluctable, à son destin d'homme mortel. Et cette défiance, ce manque de confiance, relèvent de la folie. Et c'est de cette folie que relève le destin mortel de l'homme … II ne sait pas voir son destin, il ne fait pas confiance à la sagesse des dieux, il n'est pas digne de l'immortalité … La Faute le renvoie au monde des mortels …

Mais, pour compenser la Faute folle, vient l'ordre divin : élever un Temple à Eleusis et un Autel où la déesse fondera les Mystères pour instruire les hommes. Déméter enseigne le Rite sacré qu'il ne faudra pas divulguer ni transgresser. "Les beaux rites les rites augustes qu'il est impossible de pénétrer" sur lesquels il faut garder le secret. "Le respect est si fort qu'il arrête la voix". Le Secret … Dès lors, la lecture du mythe devient plus difficile, puisque le Mystère est couvert par le secret, puisqu'il est dit qu'on ne peut le pénétrer, puisque personne n'a transgressé, ni rien révélé.

Cependant un esprit maçonnique est alerté sur quelques indices qui lui paraissent familiers. L'épreuve de la Terre qui s'ouvre pour emmener Coré dans un voyage douloureux … Les vertus du feu qui ouvrent à la vie éternelle et dépassent la mort. La purification par l'air, le Souffle, qui alimentent le corps et permettent son épanouissement. L'eau enfin, quand Déméter se réfugie de tristesse au puits des Vierges, près d'Eleusis, où les jeunes filles viennent puiser l'eau, sans peine - est-il précisé - dans des vases en bronze rutilant. Lecture plus difficile donc avec le secret …

On voit aussi que les plantes portent sens. Elles sont présentes dans le mythe qui énumère avec insistance les fleurs que cueillent Coré et ses amies "les belles jeunes filles à l'ample poitrine" au moment de l'enlèvement. Des roses, des crocus, de belles violettes dans les prairies, des lis, des iris, des jacinthes, et des narcisses, fleurs d'eau, dont la beauté et le parfum réjouissent et les dieux et les hommes et " les vagues marines ". Le safran, couleur de la sagesse, dont on sait que les mystes se parent dans leur voyage initiatique.

On rencontre aussi la grenade dont le pépin "doux et sucré" scelle à jamais l'union et rend irréversible le cours des choses … Elle orne aujourd'hui nos colonnes maçonniques dès l'entrée du Temple. Aussi la menthe du pouliot dans la boisson sacrée de Déméter, plante aromatique certes mais tranquillisant, agent de la sérénité … Enfin le blé, nourriture des hommes, dont la croissance bien sûr demande le travail des hommes, mais dont la génération et la culture relèvent des pouvoirs de la divinité …

De ce que l'on sait, du peu que l'on sait, les Mystères de Déméter appelaient à des Voyages sur la Terre "aux vastes chemins" au moins en Trois étapes : d'Eleusis à Athènes où l'on transporte les objets sacrés (hiéra) qui portent un sens aux yeux des initiés ; d'Athènes jusqu'à la mer pour les purifier à l'eau marine ; enfin la procession des initiés retourne à Eleusis pour y rapporter les objets sacrés purifiés et guides des mystes.

Ces trois voyages étaient développés sur sept jours pour ouvrir la voie aux Initiations d'Eleusis. Ainsi, dans les brumes des mystères, on devine des Nombres. Coré passera un tiers de l'année au royaume des morts et deux tiers de l'année chez les vivants.

On sait que l'initié doit attendre un an entre les Petits mystères et les Grands mystères, puis cinq ans pour les suivants : 1 - 3 - 5 - 7. Et Neuf : Déméter "pendant neuf jours ne cessa de parcourir la terre" à la recherche de l'Espoir pour retrouver sa fille … Et Dix … Le 10° jour elle reçut la nouvelle du soleil qui lui avait révélé la vérité : l'enlèvement de Coré et la volonté de Zeus : 1 - 3 - 5 - 7 - 9 - 10. Des voyages, des Nombres …

On devine aussi des Emblèmes, des Mots pour se reconnaître, des formules confidentielles … Des Signes : le Triangle isocèle de la Sagesse, la Clé pour sceller les lèvres de l'initié … Ou encore des Lumières, des flambeaux et des bruits, des tintamarres, des musiques fortes de cymbales et tambourins … Mais encore des Silences, du Silence et des Secrets insistants, rigoureux, impératifs …

Et enfin, à l'évidence, pas d'enseignement … Pas d'école, pas de dogme … L'Initiation appelle à l'Emotion … A force d'impressions qui forgent l'âme et portent à la réflexion, elle soulève d'enthousiasme l'initié. "Ceux qu'on initie ne doivent pas apprendre quelque chose nous dit Aristote, mais éprouver des Emotions et être mis dans certaines dispositions".

Le franc-maçon se trouve en pays familier … 

                    (Source : Homère, Hymnes à Déméter - Paris, Les belles Lettres, 1997, pp. 42-58).


Maj 19 10 09 - GA - L0
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