"La guerre est pour les âmes un agent de purification, un facteur
d'expiation, un levier qui les aide à gravir les hauteurs du patriotisme et du désintéressement chrétien".
Son Eminence le Cardinal Mercier,
archevêque de Malines - (Lettre pastorale - Noël 1914).
L'Adoration
(p.18) - Ah ! raison superbe, tu croyais pouvoir te passer de Dieu ! Tu ricanais quand, par son Christ et par son Eglise, il prononçait les paroles graves de l’expiation et de la
pénitence. Enivré de tes succès éphémères, homme frivole, repu d’or et de plaisir, tu te suffisais insolemment à toi-même !
Et le vrai Dieu était relégué dans l’oubli, méconnu, blasphémé avec éclat, parfois par ceux que leur situation chargeait de donner à autrui l’exemple du respect de l’ordre et de ses
assises.
(p.20) - Le niveau moral et religieux du pays montait-il de pair avec sa prospérité économique ? Le repos dominical, l’assistance à la Messe du dimanche, le respect du mariage, les lois de
la modestie, qu’en faisiez-vous ? … Que devenaient la simplicité de nos pères, l’esprit de pénitence, la confiance dans l’autorité ?
(p.19) - L’anarchie pénétrait les couches inférieures ; les consciences droites se sentaient tentées de scandales : "Jusques à quand,
pensaient-elles, jusques à quand, Seigneur, tolérerez-vous l’orgueil de l’iniquité ? Où êtes-vous, Maître, et donnerez-vous donc finalement raison à l’impie qui proclame que vous vous
désintéressez de votre œuvre ?".
(p.19) - Un coup de foudre, et voici tous les calculs humains bouleversés. L’Europe entière tremble sur un volcan. Par milliers nos braves ont été fauchés ; les épouses, les mères pleurent
des absents qu’elles ne reverront plus ; les foyers se vident ; la misère s’étend, l’angoisse est poignante …
Ce que j’ai vu de ruines et de cendres dépasse tout ce que j’avais pu imaginer. Eglises, écoles, asiles, hôpitaux, couvents sont hors d’usage ou en ruines. Des villages entiers ont quasi disparu
…
La crainte du Seigneur est le principe de la Sagesse. Les émotions se pressent dans les âmes, mais il en est une qui domine, c’est le sentiment que Dieu se révèle le Maître.
(p.19) - Des hommes déshabitués depuis longtemps de la prière, se retournent vers Dieu. Dans l’armée, dans le monde civil, en public, dans le secret des consciences, on prie.
Et la prière n’est pas, cette fois, une parole apprise par cœur qui effleure les lèvres, elle monte du fond de l’âme et se présente devant la Majesté Souveraine sous la forme sublime de
l’offrande de la vie.
C’est tout l’être qui s’immole à Dieu. C’est l’adoration …
Maj 17 11 09 - GA - L0